Relaxés après avoir récupéré des aliments dans une poubelle
Léa et Adrien ont été relaxés pour avoir récupéré des aliments à la poubelle
C’était une nuit de mai 2014, à Frontignan. Deux jeunes hommes et une jeune femme, qui se sont rencontrés dans un squat de Montpellier, avaient escaladé le portail d’un supermarché, et rempli des sacs de denrées alimentaires, jetées à la poubelle par le magasin. Pincés par des policiers, ils seront placés en garde à vue, puis jugés, en 2015, et condamnés pour vol, mais dispensés de peine.
« Une décision importante »
L’affaire, qui avait soulevé la problématique du devenir des invendus dans les grandes surfaces, avait fait grand bruit. Deux d’entre eux, Léa et Adrien, avaient fait appel. Mardi, ils ont été relaxés. « La cour d’appel s’est appuyée sur une jurisprudence de la cour de cassation, qui avait considéré que des denrées alimentaires mises à la poubelle étaient abandonnées, et donc, que personne ne pouvait en revendiquer la propriété, explique Nicolas Gallon, l’avocat de Léa et Adrien. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un vol. Cette décision est importante car elle traduit un regard plus compatissant de la société sur cette pratique, qui est le fruit d’une misère sociale. » Léa, pour qui cette relaxe est « un grand pas », estime « important » que les « gens qui se nourrissent quotidiennement d’aliments jetés à la poubelle ne se sentent pas coupables de le faire ». « C’était notre façon de nous nourrir, de nourrir les copains, nous faisions cela par nécessité, pour remplir le frigo, confie Adrien. L’objectif, c’était aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire. » « Pourquoi ce ne sont pas eux [les supermarchés] qui sont poursuivis pour jeter toute cette nourriture, s’étonne la jeune femme ? Ce serait plus logique, selon moi. » L’enseigne, qui avait porté plainte, ne s’est pas portée partie civile pour le procès.