Etre monoparent, c’est pluridifficile
Famille Le quotidien des pères ou des mères qui élèvent seuls leurs enfants est toujours plus pénible
Elles ont été particulièrement mises en lumière lors des manifestations de « gilets jaunes » ou pendant des interviews sur les ronds-points : les familles monoparentales sont l’une des facettes de la France qui souffre. Aujourd’hui, « sur les huit millions de familles avec enfants de moins de 18 ans, 1,8 million sont des familles monoparentales, soit 23%. Cette part a fortement augmenté depuis 1990, où elle s’élevait à 12 % », confirme France portrait social 2018, un ouvrage de l’Insee.
Autre chiffre marquant : en 2016, 34,8% des personnes vivant dans une famille monoparentale étaient pauvres (une proportion 2,5 fois plus élevée que dans l’ensemble de la population). Des difficultés financières qui touchent plus durement les mères (elles représentent 85% des parents à la tête d’une famille monoparentale). «A la suite d’une séparation, l’Insee constate une chute de 20 % du niveau de vie chez les femmes, contre 3% chez les hommes, explique Maryse Bresson, professeure de sociologie à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Souvent parce que leur conjoint touchait un salaire plus élevé qu’elle.»
Politique spécifique
Par ailleurs, lorsqu’elles travaillent, « les femmes seules sont souvent cantonnées aux secteurs d’activité les moins rémunérateurs, comme le nettoyage, les services à la personne, la santé...», relève Pauline Leclère, responsable de campagne Justice fiscale et inégalités chez Oxfam France. En 2014, 15% des mères seules étaient au chômage, soit près de deux fois plus que l’ensemble des femmes.
Le 10 décembre, Emmanuel Macron évoquait la colère «de la mère de famille célibataire, veuve ou divorcée, qui ne vit même plus, qui n’a pas les moyens de faire garder les enfants et d’améliorer ses fins de mois ». Il annonçait alors des mesures censées améliorer le pouvoir d’achat des parents isolés (hausse de la prime d’activité, prime de fin d’année défiscalisée, annulation de la taxe carbone sur le carburant). « Il faut développer des politiques publiques spécifiquement fléchées vers les familles monoparentales, suggère plutôt Pauline Leclère. En contraignant davantage les entreprises à lutter contre les temps partiels et les horaires hachés, par exemple.» «Il faut beaucoup plus de places en crèche, réfléchir à l’instauration d’allocations familiales dès le premier enfant, etc. » suggère, elle, Maryse Bresson.