L’exposition matinale des enfants ne serait pas sans danger sur leur santé
L’exposition matinale des 3-6 ans augmenterait les risques de retards et de troubles du langage
Depuis des années, le débat fait rage. Certains médecins alertent sur les effets néfastes des écrans sur la santé et l’apprentissage des plus petits ; d’autres tempèrent, précisant qu’aucun danger n’a été prouvé scientifiquement. «Il n’est pas recommandé de placer un enfant de 1 an devant un écran. A 2 ans, une heure devant l’écran doit être un maximum », indiquait l’Organisation mondiale de la Santé, en avril. Ce mardi, une étude de Santé publique France se penche sur les liens entre exposition aux écrans le matin et troubles du langage.
«Trois fois plus de risques»
Cette enquête s’appuie sur l’observation de 276 enfants entre 3 ans et demi et 6 ans et demi, en Ille-et-Vilaine. Parmi eux, 167 ont été diagnostiqués avec des troubles primaires du langage (dysphasie, bégaiement, manque de vocabulaire) et 109 ne présentent aucun retard ou problème particulier. Au travers d’un questionnaire, les parents détaillent la consommation d’écrans de leurs enfants et les troubles du langage. « Cette étude montre qu’un enfant qui est exposé aux écrans le matin serait trois fois plus à risque de développer des troubles du langage, souligne Manon Collet, généraliste et coautrice du dossier. Celui qui ne parlerait pas avec ses parents après avoir consommé des écrans serait deux fois plus à risque. » Des dangers qui peuvent avoir des répercussions à l’école. «L’exposition le matin va épuiser la concentration de l’enfant, moins apte aux acquisitions et aux apprentissages», renchérit Manon Collet. L’enfant va répondre de façon réflexe à ce stimulus très important qu’est l’écran, qui n’a rien à voir avec l’attention volontaire face à un instituteur. L’adulte est capable de contrôler ce réflexe, pas le tout-petit. Lui est absorbé, en hypervigilance, excité.» «Aujourd’hui, on n’a pas les données pour dire si les écrans sont bons ou mauvais, note Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement à Paris-Descartes. Il est probable que les effets dépendent du type du contenu et de la façon dont on l’aborde. » Plutôt que de prôner le zéro écran, Grégoire Borst mise sur l’accompagnement des parents (lire l’encadré).