«Payer la terre» ou le coût du déclin d’un peuple de l’Arctique
Dans « Payer la terre », l’auteur américain retrace le déclin culturel et économique d’une population oubliée de l’Arctique. Passionnant
Ses galons de « référence mondiale du BDreportage », l’Américain Joe Sacco les a gagnés grâce à ses enquêtes graphiques consacrées à la Palestine. Il revient à ses premières amours avec Payer la terre (éd. Futuropolis et XXI). Cette fois, son investigation journalistique se focalise sur un peuple et un territoire «oubliés » : les Dénés du Canada. A l’origine, une commande de la revue française XXI. Une première version de son reportage graphique, intitulée Les Terres fracturées, « a été publiée en deux parties, en 2016», confirme à 20 Minutes Marion Quillard, corédactrice en chef de XXI. Pourtant, rongé par un sentiment d’inachevé, l’artiste est retourné compléter son enquête dans cette région aux frontières de l’Arctique. Son travail initial prend la forme aujourd’hui d’un pavé de 272 pages.
L’autorité colonialiste
Le résultat est passionnant. Payer la terre est du «pur Sacco», un reportage dessiné dans lequel l’auteur met en scène ses pérégrinations dans un territoire grand comme la France et l’Espagne réunies, mais où ne vivent que 45000 autochtones. Le lecteur comprend le drame auquel est soumise cette population : de l’arrivée des premiers colons sur ce territoire inhospitalier à la découverte de pétrole et de gaz de schiste dans ses sous-sols, les locaux ont subi l’autorité colonialiste du gouvernement canadien et ses conséquences économiques, écologiques… et humaines.