Comment le CHU se prépare au pire
L’hôpital de Montpellier a annoncé mercredi qu’il allait mettre en place un « plan blanc » pour faire face à l’épidémie
Le 27 février, un premier patient atteint par le coronavirus était pris en charge à Montpellier. Depuis, l’hôpital héraultais est en première ligne face à l’épidémie. Mercredi, le CHU a déclenché « la préparation du niveau 1 de son plan de mobilisation ». Mais en quoi consiste ce « plan blanc » ?
Des interventions reportées
Plusieurs mesures ont été annoncées : le renforcement de la filière « respiratoire » aux urgences, « afin de garantir le maintien de deux circuits de prise en charge des patients séparés entre, d’une part, les urgences respiratoires, d’autre part, les autres urgences », le renforcement de la filière de dépistage au département des maladies infectieuses, et sa relocalisation près de celui de la réanimation, pour faciliter le transfert des patients. Et étendre sa capacité, ce secteur ne disposant que de 20 lits. Enfin, le CHU va organiser « la déprogrammation de certaines activités non urgentes en médecine comme en chirurgie », afin d’optimiser les capacités d’hospitalisation et « d’organiser, si besoin, le renfort en professionnels ». « La cellule de crise du CHU (…) a pris la décision d’anticiper une potentielle évolution de la situation sanitaire locale, en lançant dès maintenant la mise en oeuvre de ces réorganisations. »
S’il est demandé aux personnes souffrant de symptômes associés au coronavirus de composer le 15, nombreuses sont celles qui se présentent encore aux urgences de Lapeyronie avec des signes d’infection respiratoire. Mardi, la direction évoquait auprès de 20 Minutes « une évolution significative du nombre de passages en lien avec cette pathologie ». Alors, oui, pour l’instant, ça se passe bien. Mais si l’épidémie prenait une ampleur plus importante ? Stéphane Mella, secrétaire général de l’Unsa à l’hôpital, est « inquiet ». Pour lui, « l’engagement total des personnels hospitaliers qui sont sur le pont 24 h /24 pour prendre en charge leurs concitoyens permet, pour le moment, de faire face, en raison de leur abnégation, mais cette situation ne pourra pas durer ». « Aujourd’hui, tout le monde fait de son mieux », confie Stéphane Mella. Oui, mais voilà, « depuis vingt ans, le CHU est sous-budgété », reprend-il. Et cette crise sanitaire, elle va se heurter à un moment ou à un autre au manque de moyens dont souffre l’hôpital, note le syndicaliste. « Pour le moment, on ne coule pas, on écope. » Pour Luc Maurel, secrétaire général du syndicat FO du CHU, l’hôpital « ne peut pas tout assumer à lui tout seul », face au manque de moyens dans lequel il se trouve. « L’hôpital ne devrait être là que pour recevoir les cas les plus graves, poursuit-il. C’est la médecine de ville qui devrait accueillir les patients, et les confiner chez eux si besoin. Il y a un retard dans l’organisation générale de la prise en charge des patients. »