Qui a commis le meurtre de la grotte?
Justice Deux personnes comparaissent pour l’assassinat de Patrick Isoird, en 2014
Le procès qui s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises de l’Hérault est extrêmement attendu. Il concerne l’un des meurtres les plus sordides survenu ces dernières années dans le département. Les jurés vont se prononcer sur le meurtre de Patrick Isoird, disparu le 23 juin 2014.
Son corps, partiellement calciné, avait été découvert le 17 juillet 2014, au fond d’une grotte. Il avait été tué par deux balles de fusil de chasse, selon l’expertise médico-légale. Un homme et une femme, accusés d’avoir tendu un guet-apens, sont jugés pour enlèvement, séquestration et assassinat. Selon l’accusation, Audrey Louvet, aujourd’hui âgée de 39 ans, a servi d’appât pour attirer dans la grotte ce chauffeur de 49 ans du centre hospitalier de Sète. Rémi Chesne, qui les y attendait, l’aurait assassiné. Tous deux ont finalement été mis en examen et écroués en mars 2016.
Le frère de la victime est persuadé de la culpabilité des accusés. Selon lui, Rémi Chesne aurait agi par vengeance. Car, cinq ans plus tôt, sa femme avait eu une liaison avec la victime. Celle-ci a été retrouvée pendue en 2009. L’enquête avait conclu à un suicide, une thèse à laquelle sa famille n’a jamais cru.
Audrey Louvet, poursuivie pour coaction d’assassinat, a affirmé, lors de la reconstitution des faits, avoir mené Patrick Isoird sur place à la demande de Rémi Chesne, sans pour autant connaître ses funestes intentions. « C’est une jeune femme simple, authentique et seule, explique Gérard Christol, son avocat. Pour arriver à ses fins, Rémi Chesne a utilisé sa gentillesse en lui racontant une fable et une fausse affaire de dette. Elle a été complètement dépassée par les événements. » Audrey Louvet aurait ligoté la victime, sur ordre de Rémi Chesne, avant de quitter la grotte. De son côté, le second accusé a toujours nié son implication dans ce meurtre. « Il est impatient de pouvoir faire valoir ses arguments, après quatre ans et demi de détention provisoire, souligne son avocat, Luc Abratkiewicz. Sa défense sera sans surprise : il plaide l’acquittement, car il n’a pas commis les faits qui lui sont reprochés. » L’avocat fustige le rôle joué par la télévision dans cette affaire. « En février 2016, la diffusion d’un reportage très orienté dans une émission de téléréalité a bouleversé le dossier d’instruction, en s’appuyant sur des témoins qui, aujourd’hui, ne sont même plus jugés crédibles pas l’accusation, appuie le pénaliste. La médiatisation et la levée du secret d’instruction ont été catastrophiques dans le bon fonctionnement de la justice. » Le verdict est attendu pour le 27 janvier.
Rémi Chesne et Audrey Louvet sont accusés de l’assassinat en 2014 de Patrick Isoird