Qui cesse la chasse libère la place?
La fin de la chasse à Montpellier fait craindre à certains un développement des populations de sangliers
La ville de Montpellier a entamé la résiliation des conventions qui permettaient à des associations de chasser sur des terrains municipaux. Afin d’éviter les accidents, apaiser les promeneurs et mettre fin, aussi, à une pratique que les Verts considèrent comme cruelle. Mais peut-on vraiment se passer des chasseurs ?
Non, selon Vincent Tarbouriech, chef de l’Office de la biodiversité dans l’Hérault : « Ils sont les seuls à pouvoir réguler la faune sauvage, notamment concernant les problèmes liés à la présence de sangliers, de plus en plus nombreux. Les lieutenants de louveterie peuvent intervenir avec des arrêtés préfectoraux et placer des cages pièges dans les zones urbanisées où les chasseurs ne peuvent pas accéder, mais cela reste temporaire. » Laurent Jaoul, maire sans étiquette de Saint-Brès, que l’interdiction de la chasse a ulcéré, craint de voir le gibier se multiplier. « Les risques, déplore l’élu, ce sont les dégâts sur les parcelles, chez les agriculteurs, et les accidents de la route. »
« On en tue jusqu’à Lattes »
Les escapades urbaines des sangliers font souvent le bonheur des réseaux sociaux. Pas toujours des riverains. Dans une lettre aux services de l’Etat, un habitant de la Martelle dit avoir encore eu « la visite d’un ou plusieurs sangliers », lundi. Outre les accidents, écrit-il, « ils sont aussi un danger pour les très nombreux promeneurs ». « Ils ont détruit un arbre récemment planté et des plantations de fleurs, décrit l’habitante. Rien de bien grave, mais nous craignons de nous retrouver nez à nez avec un ou plusieurs de ces animaux. » Des cages pièges de la Fédération des chasseurs de l’Hérault ont permis, il y a peu, de capturer 183 sangliers aux portes de la ville. « Sans elles, il y aurait
1 000 sangliers de plus, note son président, Jean-Pierre Gaillard. Ils rentrent par Juvignac, la Mosson, le Lez. On en tue jusqu’à Fréjorgues et Lattes. » Coralie Mantion (EELV), chargée du dossier à la ville, balaie tout risque de prolifération : « Il n’y a pas beaucoup de sangliers sur les territoires où nous avions des conventions de chasse. D’autre part, elles ne concernent que la chasse de loisirs, les lapins et les oiseaux. » Et si, « mais c’est très peu probable », note-t-elle, « il y a trop de sangliers », des battues peuvent être diligentées par l’Etat. L’élue rappelle par ailleurs qu’il existe « des alternatives » à leur chasse : les répulsifs naturels, les barrières électriques ou les haies vives.