« Il ne faut pas exclure les femmes »
EXCLUSIF. Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook, se bat au quotidien pour réduire les inégalités entre les sexes.
Créé par Sheryl Sandberg, directrice des opérations (COO) de Facebook, le programme #SheMeansBusiness vise à renforcer les compétences des femmes en matière de leadership, de numérique et d’esprit d’entreprise. A l’occasion du lancement en France de l’édition 2021, la manageuse revient sur la place des femmes dans la société et les progrès qu’il reste à faire.
Qu’est-ce que #SheMeansBusiness a changé pour les femmes entrepreneuses depuis sa création?
Les femmes sont d’excellentes entrepreneuses. Mais toute entreprise traditionnelle les désavantage. L’une des choses encourageantes à propos d’Internet, de Facebook, d’Instagram, c’est qu’à bien des égards nous restaurons l’égalité. Tout le monde peut se lancer, en quelques minutes. Avec le programme #SheMeansBusiness, lancé en 2016, nous avons déjà formé 31000 femmes en France. Notre objectif est de former 10000 femmes supplémentaires d’ici à la fin de cette année et 10000 autres d’ici à la fin de l’année 2022.
En 2010, dans un TEDTalk, vous évoquiez les mécanismes psychologiques féminins, comme le manque de confiance en soi, pour expliquer qu’il peut être difficile pour les femmes d’atteindre les postes à responsabilités…
Dans le monde entier, on s’attend à ce que les hommes prennent le pouvoir, et on le condamne quand il s’agit d’une femme. Les hommes sont qualifiés d’ambitieux et c’est un compliment. Les femmes sont qualifiées d’agressives et c’est une insulte. Comme c’est culturel, la bonne nouvelle, c’est que nous pouvons le changer. Nous pouvons arrêter de dire que les fillettes sont autoritaires et, à la place, parler de compétences entrepreneuriales.
Comment expliquez-vous votre incroyable parcours à la Silicon Valley?
Ce qui est sur le point de sortir de ma bouche, c’est : « J’ai eu de la chance et j’ai travaillé dur.» Mais lorsque les hommes réussissent, les gens attribuent cela à leurs compétences. Lorsqu’une femme réussit, on attribue cela à la chance et au travail. Donc, je ne le ferai pas. Regardez : une vingtaine de pays dans le monde sont gouvernés par des femmes. Et devinez ce qu’il s’est passé avec le coronavirus? Ces mêmes pays ont eu les taux de mortalité les plus bas. Le monde irait bien mieux si les femmes étaient aux commandes.
La crise du Covid-19 et les confinements ont-ils amplifié les difficultés des femmes ?
Partout dans le monde, les femmes connaissent la double journée. Elles s’occupent des enfants et de la majorité des tâches ménagères. Pendant la crise du coronavirus, avec les écoles fermées, les heures que nous avons passées à nous occuper de nos enfants ont explosé. On est passées de la double journée à la triple journée.
En tant que féministe, qu’avez-vous pensé du mouvement post #MeToo ?
Il y a du progrès. Mais je suis très inquiète de ce qui est arrivé aux mentorats et aux parrainages des femmes aux Etats-Unis après #MeToo. Plus de 50 % des hommes manageurs avaient peur de recevoir une femme en entretien individuel, de voyager ou de dîner avec une femme. Il ne faut plus harceler sexuellement les femmes, mais il ne faut pas non plus les exclure.
« Les pays gouvernés par des femmes ont eu les taux de mortalité dus au coronavirus les plus bas.»
Quel futur envisagez-vous pour les femmes ?
Je vois un brillant avenir pour les femmes partout. Je crois vraiment que nous allons les aider à devenir leadeuses.