« Mixte » ou les prémices de la mixité
La série, diffusée ce lundi sur Amazon Prime Video, suit l’arrivée des filles dans un lycée jusqu’ici exclusivement masculin dans la France du début des années 1960
Une pépite singulière, rafraîchissante et libératrice ! Bienvenue au lycée Voltaire, en cette rentrée 1963 : l’établissement de la petite ville de Saint-Jean-d’Angély, en Charente-Maritime, accueille pour la première fois des filles dans son enceinte. Elles sont onze pour des centaines de garçons, et c’est un chamboulement.
Mixte, disponible ce lundi sur Amazon Prime Video, raconte l’introduction de la mixité dans les lycées de la France gaulliste du début des années 1960, à travers le double prisme du personnel de l’établissement et d’un groupe de lycéens. Un événement qui préfigure la révolution sexuelle et sociétale de Mai-68. Pourquoi cette série, à la croisée du teen show et de la comédie familiale, est-elle profondément pertinente ? La créatrice, Marie Roussin (Les Bracelets rouges, Un village français), a eu l’idée de cette fiction après avoir lu un article « où un établissement racontait sa fierté d’avoir été le premier lycée de tout le département à être devenu mixte au début des années 1960, confie-t-elle à 20 Minutes. J’ai fait quelques recherches et réalisé que cela avait été une révolution énorme, tant au niveau de l’éducation que sociologiquement. » Au lycée Voltaire, cette décision de mixité suscite bien des inquiétudes. Le manque de préparation est patent et c’est l’occasion de séquences assez cocasses, comme lorsque les enseignants sont obligés de céder leurs toilettes aux lycéennes parce qu’aucune commodité n’a été prévue pour elles.
Dans la cour, les garçons n’ont d’yeux que pour la belle et brillante Annick, bandeau dans les cheveux à la Brigitte Bardot. « Les hommes la remettent toujours à cette place de belle femme, commente son interprète, Lula Cotton-Frapier. Les répliques qu’ils lui adressent, comme : “Souriez, vous êtes plus jolie comme cela”, ce sont des phrases qu’on m’a dites et que j’ai entendues adressées à d’autres femmes. »
Si la série se déroule dans la France de Salut les copains, son propos fait écho à « l’actualité sociale contemporaine »
(lire l’encadré). « L’ambition est de parler des rapports hommes-femmes d’aujourd’hui », explique la scénariste. Mixte dépeint une société profondément patriarcale, qui n’est pas sans rappeler
Mad Men. Mais les moqueries fusent aussi envers le sensible Pichon. « Il est moderne et avant-gardiste, relate celui qui l’incarne, Nathan Parent. Il a grandi avec trois soeurs… »