Les cartes vérités du second tour
L’abstention s’est maintenue au même niveau – record – qu’au premier tour, dimanche, lors des élections régionales
Un second tour qui ressemble au premier ? Les électeurs étaient invités à voter dimanche pour le second tour des élections régionales et départementales. Comme au premier tour, ils ont massivement boudé les urnes. Le scrutin est marqué par une très forte prime au sortant qui a bénéficié à la droite comme à la gauche.
L’ABSTENTION SE CONFIRME.
Il n’y a pas eu de remobilisation. L’abstention est restée au même niveau qu’au premier tour, autour de 66 %, selon les instituts de sondage, contre 41,59 % au second tour des régionales de 2015. La campagne de communication lancée par le gouvernement pour inciter les jeunes à voter n’a, semble-t-il, pas eu d’effets. « Une semaine d’exposition médiatique très forte n’a absolument rien fait bouger, constate Bruno Cautrès, directeur de recherche au CNRS. Ce n’est pas un problème d’organisation du scrutin, de mise en évidence des enjeux ou de facilitation du vote, mais un problème structurel, qui met en lumière la crise de notre modèle démocratique et la défiance des électeurs. »
DES SORTANTS TRÈS CONFORTABLEMENT RÉÉLUS.
La droite conserve ses sept régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Hauts-de-France, Île-deFrance, Normandie, Pays-de-la-Loire et Paca), et la gauche se maintient à la tête de cinq (Bourgogne-FrancheComté, Bretagne, Centre-Val-de-Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie). De quoi mettre du baume au coeur du président LR, Christian Jacob, qui estime que la droite est aujourd’hui « la seule force d’alternance ». Quant au patron des socialistes, Olivier Faure, il juge que « la force motrice qu’est le PS » a le devoir « de rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes pour pouvoir aller vers l’élection présidentielle ».
LE RASSEMBLEMENT NATIONAL BREDOUILLE.
Mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen, qui espérait conquérir au moins une
région à dix mois de la présidentielle. La Paca, seule collectivité qui semblait à portée de bulletin, lui échappe, et Thierry Mariani (44 %) est distancé par Renaud Muselier (56 %). Dans les autres régions, le RN obtient de moins bons scores qu’en 2015, comme en Occitanie ou dans le Grand-Est. Il perdra donc des sièges de conseillers régionaux, après avoir vu son nombre de conseillers municipaux diminuer de moitié aux municipales en 2020. « C’est une très mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen, note Bruno Cautrès. Car elle comptait sur les régionales pour montrer la normalisation de son parti, son implantation territoriale et la capacité du RN à exister en dehors de la présidentielle. »
LES ÉCOLOS NE RAVISSENT AUCUNE RÉGION.
Dans les Pays-de-la-Loire, l’écologiste Matthieu Orphelin est largement battu par la sortante LR, Christelle Morançais. En Île-de-France, le patron d’EELV, Julien Bayou, arrive également bon deuxième, environ 10 points derrière la sortante de droite, Valérie Pécresse. Dommage pour le parti, qui misait sur cette élection pour affirmer sa position fédératrice à gauche, en vue de la présidentielle.