« Une bulle sécuritaire pour les femmes »
À 26 ans, Ludivine Romary lance un bracelet connecté capable de donner l’alerte en un clic en cas d’agression
Elle vient de boucler le financement participatif sur Ulule. À 26 ans, Ludivine Romary prépare le lancement de MyEli. Consacré aux femmes, ce bracelet connecté à un smartphone permet en un clic de donner l’alerte en cas d’agression. Il pourra ensuite être décliné pour les enfants, mais aussi pour les hommes.
D’où est venue l’idée du bracelet connecté MyEli ?
Elle est née de ces SMS que l’on s’envoie entre filles pour se rassurer les unes et les autres lorsque l’on rentre de soirée : « Bien rentrée. » Je n’envoyais jamais ce fameux message et me faisais engueuler par mes amies. J’ai eu envie de trouver une solution. À l’époque, j’avais 24 ans, j’étais en master 2 à l’Inseec de Bordeaux. Je devais valider mon parcours avec un projet innovant. On était en plein dans la période #BalanceTonPorc.
Pourquoi un bijou ?
Il fallait un dispositif d’alerte qui soit esthétique, tendance, mais aussi que l’on ait plaisir à porter un petit appareil sécurisant, sans que ce soit anxiogène. Et il fallait un système de simple clic. Je ne voulais pas passer par un appel au 17, la police ne peut pas être partout. Mais je voulais créer une bulle sécuritaire. Lorsque l’on clique sur le bracelet MyEli, un SMS personnalisable, avec position GPS, ou alors un appel avec une voix qui indique le nom de la personne en détresse, est adressé à des contacts sélectionnés. Un lien cliquable est affiché, soit pour rejoindre la personne, soit pour donner cette position aux autorités compétentes.
Comment se configure MyEli ?
À l’installation de l’application, la personne programme son profil, ses contacts, le choix de l’alarme. Elle peut aussi choisir de ne pas envoyer la position GPS. L’alerte est donnée seulement quand on clique une fois. Quand on double-clique, on envoie un SMS : « Je suis bien rentrée à la maison. » Pas d’erreur possible : nous avons calculé en fonction du firmware de la puce un laps de temps entre un clic, deux clics, le temps de l’alerte…
Quel défi technique a constitué ce bracelet ?
On a miniaturisé complètement la puce : 1,8 cm de diamètre. C’est un assemblage de composants qui n’existait pas. On a mis une pile remplaçable, pas de batterie, qui est un énorme frein à l’achat. Ici, l’autonomie est d’un an, même si l’on clique tous les jours sur son bijou. Nous avons également développé une antenne imprimée. Elle a plus de portée en Bluetooth : 15 m au lieu de 10. Si la personne agressée se fait arracher son sac à main avec son téléphone dedans, cela offre un peu de temps supplémentaire pour cliquer sur le bracelet.
Qui vous a épaulés pour ce développement ?
Nous avons travaillé avec deux centres de recherche. Le Catie, à Bordeaux, qui s’appuie sur l’électronique et la technologie, nous a livré un prototype fini. On a aussi travaillé avec un centre de recherche sur la radiofréquence, le Cisteme, lui aussi à Bordeaux, qui a effectué des études sur ce sujet. Avec eux, nous avons également testé plusieurs piles, plusieurs cartes imprimées, plusieurs antennes. Quand le bracelet sera-t-il commercialisé ?
Nous avons noué un partenariat avec un bijoutier en Ardèche et nous lançons la production de l’électronique avec un sous-traitant bordelais. Nous allons lancer la production de 2 000 premières unités et nous livrerons les précommandes Ulule en novembre, histoire de retrouver ce bijou sous le sapin ! MyEli sera lancé à 85 € dans sa version argentée, et à 90 € en version dorée. Et on réfléchit à une collection pour les enfants. Je trouvais par ailleurs important de proposer aussi une solution pour les hommes. À nous de rendre ce bijou très discret, pour ceux qui n’ont pas envie d’expliquer à leurs amis qu’ils portent ce type de produit…
« MyEli sera lancé à 85 € dans sa version argentée et à 90 € en version dorée. »