Les Danois cultivent leur beau jeu en toute tranquillité
Surprise des demi-finales de l’Euro, le Danemark, qui affronte l’Angleterre ce mercredi (21 h), cultive un style tout en décontraction
Vivre ensemble et sans pression, voilà comment l’on pourrait définir l’art de vivre à la danoise, à l’heure où la sélection affronte l’Angleterre, ce mercredi (21 h), en demi-finale de l’Euro. « Au Danemark, nous avons le mot ‘‘hygge’’ pour dire qu’on passe du bon temps ensemble, explique le journaliste Morte Crone Sejersbol. C’est très important dans notre culture. On veut s’amuser et on ne réussira jamais sous une grosse pression.» Tranquille, le sélectionneur national lui-même, Kasper Hjulmand, s’est assis les pieds dans le sable pour discuter avec son homologue du hand lundi, à 48 heures d’une demi-finale européenne. Autre époque, autres moeurs, l’équipe de l’Euro 1992 avait aussi beaucoup de « hygge » : bières, piscine, présence de leurs femmes… « Ils étaient un peu en mode Club Med », s’amuse Patrick Guillou, consultant pour BeIn Sports. L’histoire est désormais bien connue : en vacances après une qualif ratée, l’équipe avait été rappelée pour aller jouer l’Euro à la place de la Yougoslavie. Pas encore remis des coups de soleil attrapés à la plage, les Danois avaient enchaîné une préparation physique express avant de remporter l’Euro à la surprise générale. Décontractés, les Danois l’étaient aussi à la Coupe du monde 1998. Antoine Calvino, chargé à l’époque de faire le lien entre le comité d’organisation et le service de presse danois, se souvient : « C’était à la coule. L’équipe avait été invitée à faire un tour en bateau dans les calanques, dans le Var. La bouffe était dégueulasse. Ils ont donc décidé de s’arrêter au McDo pour manger, en pleine compétition. » Si le football est devenu plus sérieux depuis, et qu’un tel épisode ne serait plus possible, l’équipe danoise continue les activités détente, « comme des spectacles de stand-up, du mini-golf ou du tir à la carabine », avance Morte Crone Sejersbol.
De la joie, mais aussi des drames
La vie de la sélection danoise, aux airs de groupe de potes, a aussi été transcendée par des drames partagés. En 1992, les Danois voient Henrik Andersen terminer sa demi-finale à l’hôpital, la rotule hors du genou, et Kim Vilfort multiplier les allers-retours au chevet de sa fille de 7 ans, atteinte d’une leucémie. Cette année, il y a eu le choc d’avoir vu leur maître à jouer, Christian Eriksen, inanimé sur la pelouse de longues minutes à la suite d’un malaise cardiaque. Douchés, alors que Copenhague accueillait là son premier match dans une grande compétition, les supporteurs danois se sont ainsi encore plus rapprochés de leur équipe nationale.
Une fusion qui donne « une force collective impalpable, euphorique » à l’équipe, selon Patrick Guillou. Le résultat ? Un football frais, joyeux, presque insouciant, à l’opposé de ce que proposaient leurs aînés de 1992, plus besogneux. Une manière d’offrir à l’Europe un vrai moment de «hygge».