La Terre met les ados en PLS
Le sort de la planète angoisse de nombreux jeunes, qui n’ont plus foi en leur avenir, tant personnel que professionnel.
Les forêts en danger, la canicule, la pollution… Chaque semaine, les ados entendent parler du dérèglement climatique. Ces dernières années, la médiatisation de Greta Thunberg et les marches pour le climat ont enfoncé le clou. « Les adolescents sont très imprégnés par les discours ambiants et les informations qui sont relayées via les réseaux sociaux et les chaînes d’information », observe le pédopsychiatre Stéphane
Clerget. Une exposition qui n’est pas sans conséquences. « Il y a une flambée des préoccupations écologiques chez certains de mes patients adolescents depuis quelques années », analyse le spécialiste. Même son de cloche pour la psychiatre Christine Barois : « La plupart du temps, cette écoanxiété se surajoute à d’autres inquiétudes. Des angoisses sont ravivées à chaque nouvelle catastrophe climatique. » Premières cibles de cette éco-anxiété : « Les adolescents des milieux socioéducatifs favorisés, qui sont les plus informés », constate Christine Barois. « Le fait qu’il n’y ait pas de moment scolaire dédié où les enfants puissent aborder avec leurs enseignants l’effondrement de la biodiversité ou le réchauffement climatique les laisse très seuls face à leurs inquiétudes », estime Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
Autre facteur explicatif, selon cette dernière : « Les adolescents sont soumis à des injonctions contradictoires : d’un côté, les marques et les youtubeurs les incitent à consommer, et de l’autre, ils sont conscients de l’impact écologique de leur mode de consommation. » Parfois, cette inquiétude pour le sort de la planète prend d’énormes proportions. « Les émotions qu’ils traversent peuvent ressembler à celles que l’on éprouve lors d’un deuil : ils ont peur, se sentent impuissants, sont en colère contre les hommes politiques et les entreprises », relève Valérie Masson-Delmotte. « Cette éco-anxiété peut engendrer des troubles du sommeil ou du comportement alimentaire », complète Stéphane Clerget.
Difficile aussi pour certains ados de se départir d’une forme de culpabilité. « Des parents se retrouvent avec des “Greta” à la maison, systématiquement en opposition avec eux », poursuit Stéphane Clerget. Face à cette écoanxiété, les parents peuvent cependant être un moteur positif. « Ils doivent apprendre à leurs ados à valoriser leurs petites actions, conseille Christine Barois. En agissant sur le terrain [associations, marches...], leur inquiétude pour la planète leur paraîtra moins anxiogène. »
« D’autres inquiétudes se surajoutent à cette écoanxiété. » Christine Barois, psychiatre
« Certains parents se retrouvent avec des “Greta” à la maison. » Stéphane Clerget, pédopsychiatre