« Leos Carax a une très grande part enfantine en lui »
Marion Cotillard revient sur la singularité du film « Annette », dans lequel elle joue une cantatrice et qui a fait l’ouverture du Festival de Cannes, mardi soir
La belle et la bête, riches et célèbres. Marion Cotillard joue une cantatrice de rêve, aux côtés d’un as du stand-up et de la provocation incarné par Adam Driver dans Annette. L’actrice a reçu 20 Minutes dans un hôtel parisien quelques heures avant de monter les marches du Festival de Cannes, où la comédie musicale de Leos Carax a fait l’ouverture mardi soir, en fanfare grâce à la bande originale de Sparks.
Leos Carax est un cinéaste mystérieux qui tourne peu. À quoi ressemble le tournage d’un de ses films ?
Cela procure beaucoup d’émotion… Mais j’ai surtout découvert un personnage avec bien plus de fantaisie que ce à quoi je m’attendais. Leos Carax a une très grande part enfantine en lui. C’est quelqu’un qui aime rire. Il a une grande sensibilité, mais aussi beaucoup d’humour… Cela se voit dans le film, à sa façon de magnifier le grotesque, qui est une forme d’humour.
Le film aborde un sujet d’actualité : les violences faites aux femmes.
C’est un sujet qui lui tient à coeur ?
Oui, et depuis bien avant toute cette vague, ou plutôt cette révolution féminine, qui est née avec le mouvement #MeToo. Cela prend encore plus d’ampleur aujourd’hui qu’à l’époque du projet d’Annette, il y a cinq ans. L’impact est beaucoup plus fort. J’avais déjà trouvé ça puissant à la lecture du scénario, mais je trouve la manière dont Leos Carax l’a mis en scène très profonde et très émouvante. Vous jouez une cantatrice dans le film, mais ce n’est pas vous qui chantez…
Si, si, c’est moi ! Sauf les morceaux opératiques, pour lesquels c’est un mix de ma voix et de celle d’une chanteuse d’opéra qui s’appelle Catherine Trottmann. Et à part ces morceaux, donc l’aria et quelques phrases dans le film, tout est chanté en live. Cette particularité rendait le projet difficile, mais excitant. Jouer des actions physiques dans des positions acrobatiques n’optimise pas le chant. Mais ce sont ces « imperfections » que Leos recherchait. Le prix d’interprétation est le seul qui manque à votre palmarès.
Et si cette fois était la bonne ?
Oh non, je ne pense pas. Et puis vous savez, on ne fait pas des films pour avoir des prix. Pour moi, Cannes, ce n’est pas du tout la compétition. En tout cas, je ne m’y suis jamais sentie en compétition.