Le virus rentre dans la danse
À l’heure de la réouverture des lieux de nuit, les professionnels du secteur redoutent la reprise de l’épidémie.
L’odeur de la sueur n’a pas encore remplacé celle de la peinture fraîche, mais c’est pour bientôt : dès ce vendredi soir, les discothèques peuvent rouvrir. À condition de répondre à un protocole sanitaire strict : la jauge est fixée à 75 %, les clients et clientes doivent toutes présenter un pass sanitaire valide et les patrons doivent préparer un cahier de rappel en cas de contamination, voire de cluster. Résultat, dans les faits, « 70 % des établissements vont rester fermés cet été », prévient Christian Jouny, délégué général du Syndicat des discothèques et des lieux de loisir. Le protocole sanitaire, mais aussi le peu de temps pour se préparer, embaucher et former expliquent ce chiffre. Après seize mois de fermeture totale, l’heure n’est donc pas vraiment à la fête. D’autant qu’arrive le regain épidémique : le taux d’incidence ne baisse plus en France. Pire : il remonte ces derniers jours. Alors, du côté des professionnels, on n’est pas sereins : « Nous ne sommes même pas encore ouverts qu’on est en train de nous préparer à des restrictions supplémentaires (lire l’encadré) », remarque, dépité, Christian Jouny. De son côté, Michaël Rochoy, médecin spécialiste en épidémiologie, n’a pas l’air plus effrayé que ça : « On ne va pas avoir de flambée des cas à cause des discothèques! D’autant plus que, a priori, on parle d’un public plutôt jeune, qui fait peu de cas graves. Je ne suis pas inquiet si les règles sont respectées. »
Bars et restos montrés du doigt
Le médecin pense qu’une partie de la hausse des cas de ces derniers jours est liée à l’ouverture des salles de restaurant, qui peuvent accueillir du public sans jauge, sans masque et sans pass sanitaire. « Il y a une distorsion de concurrence entre les discothèques et les salles de bars et restaurants, nous voulons une politique identique pour toute la profession », annonce Christian Jouny, responsable des négociations avec le gouvernement pour son syndicat. En clair, il veut que la règle du pass sanitaire soit aussi obligatoire pour aller dans la salle d’un bar ou d’un restaurant.
Le Syndicats des discothèques a d’ailleurs décidé, une nouvelle fois, de poser un recours en ce sens devant le Conseil d’État. Christian Jouny est optimiste : « Le 30 juin, le Conseil d’État ne pouvait pas constater de distorsion de concurrence puisque nous n’étions pas encore rouverts. » La semaine prochaine, cela pourrait être différent. « Et puis cette mesure pourrait aussi inciter la jeunesse à aller se faire vacciner », pense le délégué général du syndicat. Michaël Rochoy est aussi du côté des discothèques, même s’il juge qu’il faudra imposer de nouvelles mesures si l’incidence remonte trop. Mais « avant, de se demander si on est trop laxiste avec les discothèques et s’il faut les fermer, imposons le pass sanitaire aux salles de bars et restaurants ».
« Je ne suis pas inquiet si les règles sont respectées. » Michaël Rochoy, épidémiologiste