La question financière ne règle pas tout
La contraception sera bientôt gratuite pour les femmes de moins de 25 ans, a annoncé jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran
Il faut prendre les bonnes nouvelles pour ce qu’elles sont : des bonnes nouvelles. En l’occurrence, l’annonce jeudi par Olivier Véran, le ministre de la Santé, du remboursement de la contraception pour toutes les femmes de moins de 25 ans en est une pour la santé des femmes. La mesure entrera en vigueur à partir du 1er janvier. «Cela montre qu’il y a une prise de conscience de la part du gouvernement, que le droit à la contraception ne va pas de soi », note Violaine Lucas, présidente de l’association Choisir la cause des femmes. Le ministre de la Santé justifie la mesure, qui doit coûter 21 millions d’euros par an, par « un recul de la contraception chez un certain nombre de jeunes femmes, et, le premier motif, c’est un renoncement pour raisons financières ». La mesure précédente, la gratuité de la contraception pour toutes les femmes de moins de 18 ans (depuis 2020) et avant cela pour celles entre 15 et 18 ans (à partir de 2013) ont d’ailleurs montré leur efficacité. Le recours à l’IVG est tombé de 9,5 à 6 pour 1 000 dans cette classe d’âge. « Mais alors pourquoi s’arrêter à 25 ans ?, demande Diane Saint-Réquier, éducatrice et formatrice en santé sexuelle, fondatrice du collectif SexySoucis. À 25 ans, il reste encore vingt, voire vingt-cinq années à payer sa contraception ! » Olivier Véran, lui, juge qu’à 25 ans on est plus autonome financièrement.
« Prendre la pilule n’est pas neutre »
Les associations féministes ne veulent néanmoins pas que l’on réduise la question de la contraception à la seule question financière. « Il en faudra plus si on veut réellement poser la question de la sexualité dans notre société, et cette mesure ne masque pas les manquements de l’État en matière d’éducation sexuelle [lire l’encadré] », lance Violaine Lucas. Pour la spécialiste, « prendre la pilule n’est pas neutre. Il faudrait pouvoir parler de ce que c’est d’avoir une relation, de ce que c’est le consentement. »
Si c’est « très bien » de rembourser la contraception, « c’est aussi bien de parler de la charge contraceptive, qui est exclusivement portée par les femmes », croit Diane Saint-Réquier. Les cours d’éducation à la vie sexuelle et affective pourraient mieux impliquer les jeunes hommes dans les couples hétéros : « Il faut aussi poser la question aux hommes de ce qu’implique une relation sexuelle », pense Violaine Lucas.
Depuis une loi de 2001, il devrait y avoir trois séances d’éducation sexuelle par an dans chaque classe à l’école, au collège et au lycée. Mais « aucun décret d’application n’a été publié, on n’a même pas réfléchi au financement de la mesure », rappelle Diane SaintRéquier. Résultat, seuls 25 % des établissements appliquent la loi, d’après un rapport de 2016 du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Agnès Buzyn convoquée devant la Cour de justice de la République
L’enquête de la Cour de justice de la République (CJR) sur la gestion gouvernementale de l’épidémie de Covid-19 connaît son premier développement majeur. L’ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est convoquée vendredi devant la CJR, a-t-on appris jeudi de source judiciaire, confirmant une information du Monde. À l’issue de cette audition, elle peut être mise en examen ou ressortir sous le statut de témoin assisté, si elle parvient à convaincre les juges qu’il n’existe pas suffisamment d’indices pouvant être retenus contre elle. Agnès Buzyn avait quitté le gouvernement mi-février 2020 pour briguer, en vain, la Mairie de Paris.