Présidentielle Grosse attente sur le pouvoir d’achat
L’inquiétude liée à l’inflation s’est imposée en tête des préoccupations des Français, invités à voter dimanche
Du plein de courses au plein de carburant en passant par les factures de gaz et d’électricité, les Français l’observent : plus ils ouvrent leur porte-monnaie et moins ils en ont pour leur argent. Une inflation renforcée par les répercussions de la guerre en Ukraine, avec une flambée des prix de l’énergie et des céréales. Et qui peut jouer, dimanche, sur le premier tour de la présidentielle. « Les derniers sondages le montrent, les Français expriment clairement aujourd’hui que le pouvoir d’achat est le point qui comptera le plus dans leur choix de vote, observe Bernard Sananès, président de l’institut Elabe. Le décalage avec leurs autres préoccupations – la santé, la sécurité et les retraites – est très marqué. Ce haut niveau se mesure dans tous les électorats à gauche comme à droite, à l’exception de celui d’Éric Zemmour [Reconquête], qui met l’accent sur l’immigration. Et quand on regarde la sociologie, le déterminant du pouvoir d’achat est encore plus fort dans les milieux populaires, les zones rurales et les petites communes. » Ainsi, « quand on croise cette variable
“fin de mois” avec les intentions de vote au premier tour, on voit qu’elle offre un miroir inversé de deux France. Il y a d’un côté aujourd’hui 6 Français sur 10 qui bouclent leur fin de mois sereinement, et 4 sur 10 qui finissent le mois sous tension. Les premiers sont plutôt enclins à voter pour Macron, à plus de 35 %, et les seconds sont plus de 30 % à envisager de voter pour Marine Le Pen [RN]. »
Les candidats l’ont bien compris, « ils parlent tous et toutes de pouvoir d’achat dans cette campagne : Marine Le Pen, c’est immigration, pouvoir d’achat et sécurité, Jean-Luc Mélenchon [LFI], c’est pouvoir d’achat et protection sociale, et Yannick Jadot [EELV] c’est pouvoir d’achat et écologie, énumère le sondeur et politologue Jérôme Sainte-Marie, président de l’institut PollingVox. Mais certains – Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en particulier – ont pris le “lead” sur la question, notamment à propos du pouvoir d’achat des catégories moyennes et populaires. » Pour une partie de l’électorat, « le pouvoir d’achat, ce n’est pas que “faire du social”, c’est aussi mettre à bas l’État social », précise le politologue. Et là, la droite a une carte à jouer. « Beaucoup de Français aspirent à payer moins d’impôts, c’est une préoccupation que l’on retrouve dans l’électorat de Valérie Pécresse [LR] et d’Éric Zemmour. On parle alors du pouvoir d’achat de ceux qui contribuent le plus à la solidarité nationale, et qui aimeraient payer moins », expose-t-il. Selon Bernard Sananès, le chef de l’État bénéficie du « quoi qu’il en coûte » déployé pendant la crise du Covid-19 : « Son gouvernement a maintenu les revenus des fonctionnaires, des retraités et des salariés du privé. C’est ce qui fait que, pour une partie de la classe moyenne, son bilan n’est pas considéré comme nul. » Toutefois, « en tant que président sortant, il peut nourrir le ressentiment de ceux qui sont insatisfaits », tempère Jérôme Sainte-Marie.
« Les candidats en parlent tous et toutes dans cette campagne. » Jérôme SainteMarie, PollingVox