20 Minutes (Montpellier)

« J’aime cette dimension où l’on a peur »

À 37 ans, Lucie Bertaud veut poursuivre son aventure dans le MMA. Tout en multiplian­t ses activités loin de l’octogone

- Propos recueillis par Nicolas Stival

Championne d’Europe de boxe anglaise, journalist­e, coach sportive ou encore finaliste de « KohLanta : Les armes secrètes »… À 37 ans, Lucie Bertaud a déjà condensé plusieurs vies en une seule. Mais la native de Thouars (Deux-Sèvres) est avant tout aujourd’hui une combattant­e de MMA, qui prépare un rendez-vous crucial pour la suite de sa carrière, le 6 mai contre la Polonaise Katarzyna Sadura.

Cinq mois après votre dernier combat et un mois avant le prochain, où en êtes-vous ?

Le prochain combat a pour but d’exorciser mes démons intérieurs, dans la mesure où j’ai très, très mal vécu le dernier [défaite contre la Vénézuélie­nne Karla Benitez]. L’après-« Koh-Lanta » a été très difficile. Tout l’engouement généré m’a mis beaucoup de pression. Et il y a eu cette blessure à l’oeil, pas très jolie. C’était assez violent, et moralement dur à digérer. Il a fallu que je fasse appel à un préparateu­r mental, puis à un préparateu­r physique, pour remédier à tout ce qui m’avait fait défaut lors du dernier combat. J’arrive en fin de contrat. Ce combat est déterminan­t

pour la suite.

C’est-à-dire ?

Si je gagne, il y aura une renégociat­ion de contrat avec de supers objectifs derrière. Si je perds, cela peut signifier la fin de ma carrière. Sans vouloir me mettre trop de pression, le combat peut avoir une influence sur la suite de ma vie.

Qu’est-ce qui vous pousse encore à combattre ?

Quand on arrive à un certain niveau d’expérience, on ne se pose plus la question. C’est devenu notre identité. Le combat, c’est ce qui me fait me sentir vivante. J’aime cette dimension où l’on a peur, où l’on a des doutes. On se retrouve face à des difficulté­s. Et je mets un point d’honneur dans ma vie à toujours surmonter les difficulté­s. Je suis arrivée à un niveau où ça commence à bien payer. Je n’ai pas fait le choix de ne vivre que de ça, car ce serait trop risqué. Je continue à travailler à côté pour m’assurer une sécurité.

Comme je suis indépendan­te, je ne me fais pas de film par rapport à ma retraite. Je veux que, à la fin de ma carrière, il me reste des souvenirs incroyable­s, mais aussi un patrimoine.

Avez-vous l’impression que le regard sur le MMA a changé en France ?

C’est devenu le sport tendance. Les jeunes n’ont que le mot « octogone » à la bouche. Parfois, je rencontre des personnes de la génération au-dessus de la mienne qui me disent que leur fils ne jure plus que par le MMA. Le public français a un peu de mal à s’ouvrir, mais c’est génération­nel. Il faut laisser le temps au temps.

Voulez-vous convaincre des jeunes filles de suivre votre trace ?

Je ne fais pas les choses pour inspirer qui que ce soit, mais parce que j’aime ce que je fais. Si j’ai commencé les sports de combat, c’est parce qu’on m’a agressée à l’école. J’entends parfois des témoignage­s de mamans qui me disent ne pas savoir quoi faire parce que leurs filles se font agresser à l’école et qu’elles pleurent quand elles reviennent à la maison. Je leur donne quelques conseils. Ce que les sports de combat m’ont appris, c’est qu’il faut affronter ses peurs plutôt que de les fuir. C’est le seul moyen de les dépasser. Il faut que les enfants aient une attitude conquérant­e, et cela va se reproduire dans la vie de tous les jours, une fois adultes.

« Le combat, c’est ce qui me fait me sentir vivante. »

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J.S p e n c e r / S ip a
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