L’IA apprend à se souvenir
Google a conçu une machine « approchant » le niveau de polyvalence des humains
Les systèmes d’apprentissage par « deep learning » ont une limitation majeure : ils perdent la mémoire face à chaque nouveau problème. Du coup, ils excellent sur une tâche spécifique (reconnaître une image, traduire un texte, jouer au go) mais ils ont une polyvalence inférieure à celle d’un poisson rouge. Deepmind, la start-up rachetée par Google en 2014, affirme cependant avoir mis au point des réseaux neuronaux capables d’apprendre « en continu », une percée majeure sur la route d’une intelligence artificielle générale (IA « forte ») qui nous mettra tous au chômage. Attention à ne pas s’enflammer, on est encore très loin de la « singularité », ce moment hypothétique où émergera une « super-intelligence ». Mais, selon Deepmind, l’avancée prouve que le problème de « l’oubli catastrophique » des réseaux neuronaux n’est pas insurmontable. Le système de Deepmind avait déjà mis l’humain minable en apprenant tout seul à jouer à une trentaine de jeux d’arcade (Space Invaders, Pong, etc.) en s’appuyant uniquement sur le score pour évaluer l’impact positif ou négatif d’une action. Mais
Le système s’inspire de la « consolidation synaptique » humaine pour solidifier sa mémoire
pour cela, la start-up avait mis au point autant de systèmes que de jeux. A chaque fois, il fallait tout reprendre de zéro. Là, un seul système a réussi à maîtriser dix jeux en mettant à profit ses avancées précédentes, avec un niveau « approchant » celui des humains. Traduction : le système général n’excelle pas, mais il est davantage polyvalent. Comme nous. Le système, qui s’appuie sur une approche statistique, s’inspire d’ailleurs de la « consolidation synaptique » humaine pour solidifier la mémoire de court terme : si une connexion est jugée importante, elle est protégée et archivée afin de ne pas être effacée. Chez l’homme, la seconde étape de la consolidation de la mémoire intervient, selon les chercheurs, pendant le sommeil. A quand des androïdes qui rêvent de moutons électriques comme chez Philip K. Dick ?