Emmanuel Macron n’en ferait-il pas un peu trop ?
La décision de Macron de réunir le Congrès à Versailles ulcère l’opposition
Semaine chargée pour le président jupitérien. Depuis le début de la semaine parlementaire, le mouvement d’Emmanuel Macron, majoritaire dans l’hémicycle, a fait main basse sur les postes clés de l’Assemblée. Mercredi, deux annonces ont renforcé son omniprésence médiatique et courroucé une bonne partie de l’opposition : le président américain a répondu favorablement à l’invitation au défilé du 14-Juillet et Emmanuel Macron s’adressera, lundi, au Congrès à Versailles, à la veille du discours du Premier ministre devant l’Assemblée réunie pour le traditionnel vote de confiance. Plusieurs députés et sénateurs, à droite comme à gauche, ont annoncé qu’ils boycotteront cette adresse présidentielle. « Je ne vois pas la nécessité de tenir ce Congrès alors que les grandes lignes de la politique du gouvernement seront présentées le lendemain », affirme à 20 Minutes Esther Benbassa, sénatrice écologiste du Val-de-Marne. « C’est de la com’, tout est très théâtralisé. On nous demande d’aller acclamer le monarque à Versailles », tranche-telle, déplorant qu’aucune prise de parole des chefs de groupe parlementaire ne soit prévue à l’agenda. L’annonce du Congrès a pour elle été « la goutte d’eau » d’une semaine qui a accentué la « verticalisation et l’hyperprésidentialisation ».
« Pas de dérive »
Jean-Christophe Lagarde et Philippe Vigier, de l’Union des démocrates indépendants (UDI), ont annoncé, eux, dès mercredi, qu’ils n’iraient pas écouter le chef de l’Etat à Versailles. Jeudi, alors que l’Elysée venait de dévoiler le portrait officiel du président, les députés insoumis ont annoncé à leur tour qu’ils bouderaient le Congrès. JeanLuc Mélenchon a dénoncé un « franchissement de seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle telle qu’elle avait été mise en scène le soir de la pyramide du Louvre », le 7 mai. Les communistes vont jusqu’à parler d’un « coup de force institutionnel » et appellent à un rassemblement pour protester contre la tenue du Congrès. Dans les rangs de la majorité, on défend le calendrier élyséen. « Je ne vois pas en quoi c’est une dérive monarchique, sauf peut-être la référence à Versailles, pour l’humour », a déclaré le député LREM Gilles Le Gendre sur Sud Radio. Un trait d’humour qui n’a pas fait taire les critiques. Même les députés de l’opposition qui comptent se rendre au Congrès ont raillé cet agenda, comme Daniel Fasquelle (LR) sur Twitter : « J’irai au Congrès pour écouter le discours de politique générale du président-Premier ministre. »