La Philharmonie fait le minimum, mais en grand
La Philharmonie de Paris propose différentes manifestations musicales, samedi soir
Passer la nuit à écouter des musiciens s’accorder? C’est, si on y met beaucoup de mauvaise foi, la proposition que fait la Philharmonie de Paris (19e) à l’occasion de la Nuit blanche, avec Une nuit en la, de samedi 20 h 30 à dimanche 6 h 30. Si ça ne vous plaît pas, vous pouvez aussi sortir écouter la Nuit minimaliste ou l’une des trois autres manifestations proposées. La Nuit blanche ne serait-elle pas le moment idéal pour se lancer dans le minimalisme? Il semblerait que si. « Le minimalisme, c’est un peu tout le temps pareil, explique Emmanuel Hondré, directeur des concerts et spectacles de la Philharmonie. Mais bizarrement, avoir le temps d’amplifier ce qui est répétitif, ça le rend plus fort. Il faut que le très peu soit très riche, captivant, pour fonctionner. » Et avec dix heures de concert en perspective, on peut en effet laisser sa chance à la Nuit minimaliste. En ce qui concerne Une nuit en la, le concept semble également « minimaliste » mais, jouée par neuf musiciens, la note se révèle pleine de subtilités. « Chaque la possède son propre timbre, sa dynamique, son souffle, estime Gaspar Claus, le violoncelliste du Trio Vacarme, à l’origine de cette proposition. Le public est invité à déambuler et sa propre position changera également sa perception de la musique. »
« Le temps est suspendu »
Outre la performance, jouer dix heures de suite permet aux musiciens de profiter d’une certaine liberté. « Le temps presque illimité est une forme de liberté pour l’artiste et le public ressent cette liberté, estime Emmanuel Hondré. On peut entrer et sortir, rester un quart d’heure, comme huit heures. Le temps est suspendu, la musique accompagne une temporalité intérieure qui n’a rien à voir avec le temps qui s’écoule en dehors de la salle de concert. » Et pour continuer à voyager dans le temps, on peut assister à la performance d’Arandel, qui a été chargé par le musée de la Musique de jouer une demi-heure en utilisant les enregistrements des instruments du musée, à l’occasion de son vingtième anniversaire. « On a isolé les morceaux qui nous plaisaient, ensuite on les a assemblés, explique Arandel. Le résultat est très éclectique. Enfin, pour ce qu’on imagine, parce qu’à quarante-huit heures de la Nuit blanche, on est loin de savoir vraiment ce qu’on va faire. » Si le public est lui aussi perdu, il lui restera toujours la visite du musée à la bougie.