Une taxe accessoire sur l’or
L’impôt sur la vente des métaux précieux va être relevé
L’or fait-il tourner la tête des députés ? La commission des Finances de l’Assemblée nationale a été le théâtre d’un vif débat, jeudi, au moment d’examiner la suppression de l’ISF et son remplacement par un impôt sur l’immobilier. La mesure a été adoptée, avec quelques retouches : en plus d’un renforcement de la fiscalité sur les yachts et voitures de luxe, la taxe sur la vente des métaux précieux (TMP), dont l’or fait partie, va passer de 10,5 % à 11,5 %. Cette volonté de renforcer la taxation des « signes ostentatoires de richesse » vise à montrer que le gouvernement ne fait pas de « cadeaux » aux plus riches. Mais ce relèvement de la taxe sur la vente d’or dit « d’investissement » – les pièces et les lingots – va-t-il seulement toucher les plus riches? « Dans une étude réalisée en 2014 avec Ipsos, on s’est rendu compte que 11 % des ouvriers et 12 % des employés possédaient de l’or », indique François de Lassus, directeur de la communication externe de CPoR Devises, société spécialisée du marché de l’or… et donc fortement concernée par la taxe. Selon l’étude, cet or est très souvent issu de la famille et se transmet de génération en génération. « D’un côté, les plus riches n’auront plus à déclarer leurs lingots d’or à l’ISF, et de l’autre, des familles avec des revenus moyens seront plus taxées lorsqu’elles voudront revendre leurs pièces d’or », déplore le spécialiste.
« On est dans un symbole »
Pour Philippe Herlin, auteur de L’Or, un placement d’avenir (ed. Eyrolles), « c’est une erreur d’augmenter cette taxe ». D’après cet économiste, qui se définit comme « libéral-conservateur », il faudrait faire le contraire et abaisser la fiscalité, afin « d’inciter les gens à remettre l’or dans le circuit économique. L’Etat serait gagnant, cela lui rapporterait beaucoup plus de libérer le marché. » De fait, le gouvernement espère que l’ensemble des taxes sur ces « biens ostentatoires » (yachts, voitures de luxe, or) rapportera 50 millions d’euros par an. Un chiffre à comparer au manque à gagner pour l’Etat à la suite de la réforme de l’ISF : 3,2 milliards d’euros. Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, l’avait reconnu début octobre : « La recette sera de toute façon assez faible sur ces sujets, mais on est dans un symbole. »