Un tribunal « au pied des pistes »
Malgré la recommandation du Défenseur des droits de surseoir à son ouverture en raison, notamment, d’un manque de garanties « fondamentales » sur le bon déroulement des audiences, l’annexe du tribunal de Bobigny, au pied des pistes de l’aéroport Charles-de-Gaulle, doit être inaugurée ce jeudi. C’est là, désormais, que se décidera le sort des étrangers dont l’entrée sur le territoire a été refusée. Pour le porte-parole du ministère de la Justice, Youssef Badr, cette annexe répond avant tout à des questions logistiques, et de « dignité ». Limiter, par exemple, les allers-retours quotidiens à Bobigny (à une quinzaine de kilomètres) pour les étrangers en situation irrégulière. « Les familles étaient prises en charge le matin et patientaient des heures, parfois avec de jeunes enfants, avant d’être jugées », assure l’ancien magistrat. Ses détracteurs (associations de défense des étrangers, syndicat des avocats, de la magistrature) considèrent, eux, qu’elle contrevient à plusieurs règles élémentaires du droit. A commencer par l’impartialité et la neutralité de la justice. La géographie des lieux – la salle d’audience est accolée à la zone d’attente – fait craindre aux opposants une collusion entre la justice et la police. De même, son emplacement, dans une zone peu accessible en transports en commun, est contraire à la règle essentielle de la publicité des débats. « Les magistrats sont les mêmes qu’à Bobigny, il n’y a pas de déperdition de la qualité de la justice », assure pour sa part Youssef Badr.