« Le dernier vote n’en était pas un »... Les anti-indépendantistes se font entendre
Les anti-indépendantistes ont manifesté en masse dimanche à Barcelone
«J’en ai plein les couilles de tout ce bordel! » crie Javier, drapeau espagnol sur les épaules. Comme lui, dimanche, deux jours après que le Parlement catalan a déclaré l’indépendance, entre 300000 et un million de personnes se sont réunies devant le Passeig de Gracia à Barcelone pour exprimer leur volonté de rester unies à l’Espagne. Javier ira-t-il voter le 21 décembre aux nouvelles élections convoquées par Madrid? « Les nouvelles? Les seules ! Le dernier vote était illégal. » Un peu plus loin dans le cortège des anti-indépendantistes, Marga ne manque pas de rappeler ce qui l’énerve le plus, le fait que « Carles Puigdemont [le président catalan destitué] parle comme s’il représentait tout le monde ». En tout cas, « pas la majorité des Catalans », souligne Carlos. Pour ce qui est, en revanche, de la nécessité d’appliquer l’article 155 de la Constitution, qui permet de transférer les compétences de la Catalogne aux ministères à Madrid, les avis divergent, nombreux reprochant au pouvoir central sa gestion de la crise provoquée par le référendum sur l’autodétermination il y a un mois. C’est le cas d’Ivo, Noel, Marcos, Ana et Andrea, heureux de se réunir avec « les gens qui se sentent espagnols et qui se taisent, parce que c’est mal vu d’être contre l’indépendance ». « On est doublement mal jugé, s’alarme Andrea. Par ceux d’ici qui disent que l’on est fasciste. Et par le reste de l’Espagne qui croit désormais qu’on veut tous se séparer. »
« Un Etat fictif »
La petite bande craint aussi pour l’emploi : jusqu’à présent, 1 700 entreprises ont littéralement fui la province en déménageant leurs sièges sociaux. Noel, qui travaille dans un hôtel, affirme que le tourisme souffre, estimant « entre 30 à 40 % la chute de fréquentation » des établissements. Ivo raconte, lui, que les produits catalans sont de plus en plus boycottés par le reste de l’Espagne. Etudiantes, Hélène et Lorraine aimeraient retourner à la fac, régulièrement bloquée, pour passer leurs examens. « Avant, on se plaignait d’apporter plus à l’Espagne avec nos impôts qu’elle ne nous le rendait en investissement. Cet argument ne va plus tenir », s’inquiète pour sa part Paco. « Ces dernières semaines, les indépendantistes se sont voilé la face, à croire à leur Etat fictif », se désole Paqui, le regard plongé dans des pancartes appelant à l’unité de l’Espagne.