Nipah, un virus animal qui s’attaque à l’homme
Chercheur à l’Institut Pasteur, Frédéric Tangy s’inquiète de la situation en Inde
Une épidémie qui sévit en Inde, dans la région du Kérala, a causé une dizaine de morts ces dernières semaines. Le virus Nipah, récemment découvert, en est à l’origine. Frédéric Tangy, directeur de recherche au CNRS et chef de l’unité de génomique virale et vaccination à I’Institut Pasteur, travaille à l’élaboration d’un vaccin.
Qu’est-ce que le virus Nipah et où risque-t-on de le contracter ?
C’est un type de virus comme celui qui provoque Ebola, le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) ou encore la grippe. Et si Nipah est un virus très ancien, sa découverte en Malaisie ne remonte qu’à 1998. Pour l’heure, il n’a sévi qu’en Asie du Sud-Est et en Inde.
Comment le virus se transmet-il ?
Comme Ebola, il se transmet de l’animal à l’homme. En l’occurrence, cela se fait principalement par une espèce de chauves-souris, via leur salive et leurs déjections. Concernant l’épidémie qui sévit en Inde, il semblerait que le point de départ soit la contamination du jus de palme, une boisson prisée de la population et de ces chauvessouris. Mais on sait aujourd’hui qu’il existe des cas de contamination interhumaine. Parmi les victimes figurent plusieurs membres d’une même famille, ainsi qu’une infirmière qui les a soignés.
Quels sont les symptômes typiques de ce virus ? Est-il mortel ?
Le plus souvent, on retrouve les premiers signes classiques d’une infection virale : forte fièvre et maux de tête, voire malaises. Et dans les cas les plus graves, le virus peut causer un syndrome respiratoire aigu, ou une encéphalite. Comme c’est à l’origine un virus animal, le système immunitaire humain n’y est pas habitué, et y être exposé est très dangereux pour l’homme. Il est mortel dans environ 70 % des cas et a d’ores et déjà coûté la vie à plus de 260 personnes en Malaisie, au Bangladesh et en Inde au cours des vingt dernières années.