Une grenade et cinq questions
Un tir de lacrymogène GLI-F4 a fait un blessé grave mardi à la ZAD
Un jeune homme de 21 ans a été amputé de la main droite après un grave accident, mardi midi à NotreDame-des-Landes. Un tir de grenade lacrymogène GLI-F4 en est à l’origine. Le point sur cet engin utilisé par les gendarmes dans la ZAD.
Qu’est ce qu’une GLI F-4 ? La GLI, pour « grenade lacrymogène instantanée », émet du gaz. Surtout, elle produit un son et un souffle très puissants. Elle n’émet pas d’éclats et il ne s’agit pas d’une grenade offensive, comme celle qui avait tué Rémi Fraisse en 2014 au barrage de Sivens et qui est depuis interdite. Elle contient tout de même de la tolite, une substance explosive.
Dans quel cas est-elle utilisée ? La GLI-F4 est en théorie utilisée quand de plus petits moyens (contact physique, lacrymogènes) et les sommations ne suffisent pas, et lorsqu’il faut «libérer une grande surface de terrain». Elle est davantage utilisée en milieu rural qu’en ville. Le ministère de l’Intérieur assure que mardi, il s’agissait de « protéger l’intégrité physique » des gendarmes.
En sait-on plus sur ce qu’il s’est passé mardi ? Les versions de la gendarmerie et des zadistes divergent. Pour les premiers, une cinquantaine d’individus ont pris à partie les forces de l’ordre, lesquelles ont répliqué. Le manifestant aurait voulu ramasser une grenade pour la renvoyer. « Ce n’est pas crédible car elle met moins de 3 secondes pour exploser, juge Sarah, de l’équipe médicale de la ZAD. Selon les premiers témoignages, la personne était en train de fuir. Elle est peut-être tombée, on ne sait pas. » Le procureur a appuyé mercredi soir la version de la gendarmerie.
Le caractère dangereux de ces grenades est-il connu? Plusieurs rapports, dont l’un rédigé par le défenseur des droits, ont mis en
évidence les risques liés à l’utilisation de ces grenades, lancées à la main ou à l’aide d’un fusil, même si les conditions de son utilisation ont été durcies en 2014 après Sivens. « Quand l’explosion a lieu tout près, il y a un risque de mutilation très important, et un danger pour les tympans », explique un membre de l’assemblée des blessés, qui milite contre les violences policières.
Quel avenir pour les grenades GLI-F4 ? Avant ce dernier incident, ce type de grenade semblait sur la sellette. Selon plusieurs sources, la gendarmerie devrait prochainement la remplacer par un autre type d’engin lacrymogène, avec toujours un fort effet sonore mais sans aucune substance explosive…