20 Minutes (Nantes)

Les parents mettent la main à la poche

Huit jeunes sur dix, âgés de 18 à 24 ans, bénéficien­t d’une aide financière de leurs parents, révèle une étude de l’Insee. Un chiffre en constante augmentati­on, notamment en raison de la précarisat­ion du premier emploi.

- Delphine Bancaud

Un petit billet pour acheter un vêtement, un chèque pour aider à payer le loyer… Huit jeunes sur dix sont aidés financière­ment par leurs parents, d’après une étude de l’Insee sur les 18-24 ans parue mardi. Une tendance en augmentati­on, ce qu’explique aisément Sandra Hoibian, directrice du pôle évaluation et société au Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observatio­n des conditions de vie) : « Les jeunes poursuiven­t davantage leurs études qu’il y a trente ans et ont besoin de les financer. De plus, 80 % des embauches se font en CDD, or il leur faut un CDI pour pouvoir emménager. » D’ailleurs l’étude montre que 58 % des 18-24 résident encore chez leurs parents. D’autres raisons expliquent pourquoi les parents doivent davantage mettre la main à la poche : « Les grands pôles universita­ires recrutent dans toute une région, ce qui pousse des jeunes à s’installer loin de chez leurs parents. Et ils sont incités à vivre une expérience à l’étranger, ce qui coûte cher. Par ailleurs, les écoles privées postbac sont de plus en plus demandées et les jeunes Français ont moins la culture du prêt étudiant que leurs camarades anglo-saxons », relève Olivier Galland, sociologue de la jeunesse et directeur de recherche au CNRS. Mais tous les jeunes ne bénéficien­t pas des mêmes chances dans la vie. « Certains sont étudiants, d’autres travaillen­t déjà et certains sont sans emploi. Ils ne sont donc pas aidés de la même façon. Ceux qui cohabitent chez leurs parents bénéficien­t de leur part d’argent de poche, mais le soutien financier est forcément plus conséquent lorsque le jeune réside seul », précise Olivier Galland. De fait, si l’aide des parents aux jeunes s’élève à 3 670 € en moyenne par an selon l’Insee, elle va jusqu’à 8 100 € annuels pour les étudiants qui ont leur propre logement et qui sont généraleme­nt issus de familles plus aisées. Les parents aidant un jeune adulte consacrent ainsi environ 8 % de leurs revenus à cela, ne pas pouvoir le faire étant vécu comme une souffrance. « C’est lourd à porter, car ils savent que leur enfant sera peut-être contraint de travailler au lieu de faire ses études », observe Sandra Hoibian. « Voire de travailler en faisant ses études, comme près d’un étudiant sur deux actuelleme­nt. Or, l’OVE (Observatoi­re national de la vie étudiante) a bien démontré que, lorsque cela dépasse le mi-temps, l’impact est négatif sur le cursus », complète Olivier Galland. D’où l’idée d’instaurer une allocation d’autonomie pour les jeunes de 18 à 25 ans, notamment défendue par l’Unef et La France insoumise. Mais à l’heure où le gouverneme­nt planche plutôt à la rationalis­ation des aides sociales, cette suggestion ne risque pas de resurgir…

« Les jeunes Français ont moins la culture du prêt étudiant que les Anglo-Saxons. » Olivier Galland, sociologue

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L’aide parentale aux 18-24 ans s’élève à 3 670 € en moyenne par an.

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