Le robot ALF prêt à révolutionner la tournée du facteur
La Poste teste une machine visant à soulager les salariés
Et si le facteur troquait son vélo ou son chariot pour un robot suiveur ? C’est l’hypothèse devenue de plus en plus réaliste au sein de La Poste. Depuis un an et demi, l’entreprise développe ALF (Assistant à la livraison pour le facteur) à Nantes. Testée surtout l’été dernier dans les rues piétonnes, la machine créée par la société Effidence est capable de porter 150 kg de courriers et de colis (contre 45 kg sur les vélos électriques), dédouanant ainsi le facteur de charges lourdes. A l’étape de concept, cette création répond à un besoin d’optimiser l’espace, car les colis sont encombrants. « Aujourd’hui, nous livrons moins de courriers qu’avant, mais plus de colis (1 509 par jour), explique Eric Gauthier, responsable innovation de La Poste. La livraison de colis est un secteur très concurrentiel. Il nous faut donc trouver des solutions alternatives. »
« Un gain physique »
Munie d’un lidar, radar à infrarouge de 360°, la machine scanne pour détecter les jambes du facteur qui s’y présente en face. Complété par des bornes sensibles situées à l’avant et à l’arrière, le robot peut suivre ou précéder le facteur dans ses déplacements, tout en évitant les obstacles. Un bouton de secours est prévu en cas de panne, afin de pouvoir déplacer le chariot manuellement en attendant une assistance. Pour éviter les vols, chaque facteur testeur est équipé d’une manette. « Je suis le seul à pouvoir déplacer la machine, affirme Issa Alias, facteur depuis seize ans. Toutes les poches du robot se ferment automatiquement lorsque je m’éloigne. » Roulant à 6 km/h et d’une autonomie d’une journée, ALF séduit. « Avec ce robot, il y a un gain physique et non de temps. Je n’ai plus qu’à simplement marcher pour faire ma tournée habituelle en 3h30 », informe Issa Alias. Pourtant, du côté des syndicats, la méfiance est de mise. « La possible arrivée de ce chariot baisse notre pénibilité au travail, mais nous demandera une productivité plus grande », s’inquiète Pascal Frémont, délégué syndical de Sud PTT. « Le temps où les robots livreront le courrier aux habitants à la place des facteurs n’est pas près d’arriver », tempère Eric Gauthier.