Les oppositions à l’éolien fleurissent partout en France
Les oppositions se multiplient en France, freinant la croissance d’une filière vue comme un pilier de la transition énergétique
Marsanne dans la Drôme, la forêt des Colettes dans l’Allier, Mazinghien dans le Nord… Remonter la page Facebook de la Fédération environnementale durable (FED), c’est faire le tour de France des oppositions aux projets de parcs éoliens. « Début 2010, moins de 40 % des projets de parc éolien terrestre étaient l’objet d’un recours. C’est 70 % aujourd’hui », précise Jean-Louis Bultré, président de la FED. Bien souvent, c’est à « la sauvegarde du patrimoine » que crient les opposants. « C’est du vandalisme sur nos paysages », s’insurge ainsi Michel Rousseau, président de l’association PPEBP (Protection des paysages environnement entre Beauce et Perche), qui égrène d’autres nuisances : « le bruit des pales », « le clignotement des lumières sur les mâts la nuit », les « impacts sur les oiseaux », les « risques sur la santé »… La FED demande ainsi un moratoire immédiat sur l’éolien en France et multiplie les recours juridiques. Une démarche qui a le don d’agacer France énergie éolienne (FEE) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER).
D’ici à 2023, 4 000 éoliennes vont être ajoutées aux 6 000 existantes.
« Ce dogmatisme est peu propice à la discussion, regrette Mattias Vandenbulcke, responsable de la communication à la FEE. Les projets éoliens sont pourtant très encadrés en France. On ne peut pas implanter une éolienne à moins de 500 mètres d’une habitation et les normes acoustiques sont très sévères. » La FEE reconnaît malgré tout qu’il y a parfois des mauvais projets et que certains recours sont justifiés. La contestation n’a en tout cas pas permis de sonner le glas des éoliennes en France. On en compte aujourd’hui 6 000 éparpillées sur le territoire pour une capacité de 12 000 mégawatts (MW). En revanche, ces recours à la pelle freinent le développement de la filière. « En France, un projet voit le jour au bout de sept à neuf ans quand il faut trois à quatre ans en Allemagne », explique Mattias Vandenbulcke. La France garde toutefois des objectifs ambitieux. La loi de transition énergétique de 2015 fixe le cap d’au moins 22 000 MW de capacité installés en éolien terrestre à atteindre à l’horizon 2023. Il faudrait alors ajouter 4 000 éoliennes aux 6 000 existantes. En janvier dernier, Sébastien Lecornu a présenté une série de mesures pour « libérer l’éolien » en France. L’objectif affiché était alors de diviser par deux le temps moyen des procédures juridiques engagées contre les différents projets. Mais Jean-Louis Bultré prévient : « Si les arrêtés sortent, nous attaquerons. »