Les lieux publics mènent la vie dure à la cigarette
Il est désormais interdit de fumer dans six grands parcs strasbourgeois. Une mesure censée protéger en priorité les enfants
Convaincue que ne pas fumer dans les parcs signifie moins fumer tout court, Strasbourg est devenue la première ville française à élargir à ses parcs et jardins publics l’interdiction, déjà existante au niveau national, de fumer dans les aires de jeux. Elaborée avec la Ligue contre le cancer, la mesure est entrée en vigueur dimanche dans six grands parcs de la ville, et devrait être généralisée à tous les espaces verts publics. Elle pourrait aussi être adoptée dans la capitale : le groupe Radicaux de gauche, centre et indépendants (RGCI) compte déposer un voeu en ce sens lors du Conseil de Paris (il s’achève jeudi). Sans surprise, non-fumeurs et associations anti-tabac se réjouissent de la mesure strasbourgeoise. « Quand on se promène dans un parc, c’est que l’on recherche une certaine qualité de l’air, un environnement plus sain que celui que l’on trouve en ville » , confie une promeneuse du parc de l’Orangerie, le principal jardin de Strasbourg. Or y voir des gens fumer est « insupportable, insiste Gérard Audureau, porte-parole de l’association des Droits des nonfumeurs (DNF). Offrir aux enfants un cadre où leurs modèles, leurs parents – mais aussi les autres passants – ne fument pas à côté d’eux est une bonne action de prévention, en plus de les protéger du tabagisme passif. »
Pas encore de P.-V.
Sans surprise également, la mesure hérisse le poil des fumeurs. « On ne peut plus fumer nulle part ! s’énerve Antoinette. On se met déjà en re- trait dès qu’il y a des enfants ou des non-fumeurs, et, en plus, c’est en plein air. » Nathalie, adepte du tabac à rouler, n’est « pas contre » cette interdiction, mais elle « regrette qu’il n’y ait pas plus de poubelles et de cendriers ». Dans les parcs strasbourgeois, il n’est pas encore question de distribuer des P.- V. aux fumeurs. La municipalité compte d’abord faire preuve de pédagogie et de dialogue, avec le recrutement de « médiateurs santé-tabac » pour leur faire passer le message en douceur. Au besoin, des amendes de 68 € pourraient commencer à tomber en 2019.