Après l’incendie, la lecture pas à pas
La bibliothèque associative du quartier Malakoff a rouvert dans des locaux exigus grâce aux milliers de livres reçus en dons
Couvrir, étiqueter, trier, ranger… Depuis fin août, les deux salariées et la quinzaine de bénévoles de l’Espace lecture du quartier Malakoff multiplient les gestes répétitifs en gardant le sourire. Incendiée dans la nuit du 4 au 5 juillet lors des violences urbaines qui ont secoué la ville de Nantes, la bibliothèque associative a rouvert ses portes sans tarder dans des locaux transitoires, un peu plus loin, au pied d’un immeuble de la rue d’Irlande. Pas une mince affaire quand on sait qu’environ 10 000 ouvrages avaient été détruits par les flammes, de même que le mobilier et le matériel informatique. L’appel aux dons, relayé sur les réseaux sociaux aussitôt après l’incendie, a dépassé les espérances. « La générosité a été incroyable, constate Sandrine Lefrançois, médiatrice de l’Espace lecture. Les points de collecte disposés dans les bibliothèques municipales ont déjà permis de récupérer 150 caisses de livres. Des comités d’entreprise, des éditeurs, des auteurs, des particuliers nous en ont aussi envoyés de toute la France. »
Un tri énorme à faire
Livres jeunesse, romans, bandes dessinées, classiques de la littérature… Au total, plus de 4 000 ouvrages ont été offerts. « On n’a pas tout ouvert. Ça va nous prendre plusieurs semaines au moins. » Compte tenu de la superficie du nouveau local (30 m2 contre 120 m2 auparavant), du tri est nécessaire. « Il y a des doublons, des livres en mauvais état, raconte Roselyne, bénévole. On tient compte aussi de la diversité des thématiques. Ce qu’on ne garde pas, on le donne à d’autres associations ou on le stocke pour l’avenir. » Pour l’heure, les prêts sont impossibles, faute de support in- formatique. « On espère que ce sera réglé aux vacances de la Toussaint. » Des habitants poussent quand même les portes du local, des familles notamment, car un coin lecture enfants a été reconstitué en priorité. « C’est le lieu culturel du quartier, témoigne Sylvie, une lectrice. C’était important qu’il se remet en marche très vite. » « L’incendie restera une blessure, bien sûr, confie Sandrine Lefrançois. Mais pour nous, pour les habitants, rouvrir était comme une question de survie. »