20 Minutes (Nantes)

Des marches prévues dans un climat de tensions

Les « marcheurs pour le climat » ne veulent pas qu’on les oppose aux « gilets jaunes »

- Fabrice Pouliquen

Il y aura 129 marches pour le climat samedi en France (y compris à Paris). C’est en tout cas à ce chiffre que l’on arrive en comptant les événements Facebook recensés, ville par ville, par les associatio­ns organisatr­ices de ces différents événements. «Le risque de l’inaction climatique nous apparaît aujourd’hui plus grand que le risque supposé d’aller manifester samedi», tranche Yacine Ait Kaci, porte-parole du Collectif citoyen pour le climat, coorganisa­teur de ces marches. De plus, souligne-t-il, « nous avons montré que ces marches étaient non partisanes,

« La composante écologique pourrait entrer dans le mouvement des “gilets jaunes”. »

Cyril Dion, réalisateu­r

non violentes et familiales.» Une façon de répondre à Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, ou encore Nicolas Hulot, ex-ministre de la Transition écologique, qui ont appelé ces derniers jours à reporter ces marches par crainte d’un télescopag­e avec les « gilets jaunes ». Une nouvelle journée de manifestat­ion nationale est prévue samedi et la crainte des débordemen­ts est grande.

« La sécurité est une priorité », assure le comité organisate­ur des marches pour le climat. Le nombre de bénévoles mobilisés pour encadrer le cortège parisien a été doublé (ils seront 200). « Nous sommes en lien constant avec la préfecture de police de Paris, ajoute Gabriel Mazzolini, chargé de mobilisati­on aux Amis de la Terre. Nous les rencontron­s [ce] jeudi matin encore pour évoquer le tracé de la marche. S’il pose un problème de sécurité, comme l’entend Christophe Castaner, nous sommes prêts à le modifier.» Mais il n’y a aucune raison pour que cela se passe mal samedi, répètent les associatio­ns initiatric­es des marches.

Elliot Lepers, directeur de l’ONG Mouvement, s’agace d’ailleurs des tentations du gouverneme­nt d’opposer «marcheurs pour le climat» et «gilets jaunes ». « C’est faire croire qu’il y aurait d’un côté les Français les plus démunis, et de l’autre des bobos parisiens », résume-t-il. « Au contraire, les colères se rejoignent, estime Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac. Les deux mouvements remettent en cause les politiques néolibéral­es appliquées depuis des dizaines d’années et dont nous payons le prix aujourd’hui. Du point de vue écologique et social. » Peut-on même imaginer que, samedi, «gilets jaunes» et marcheurs pour le climat se rejoignent dans un seul et même cortège? Le réalisateu­r Cyril Dion, l’une des personnali­tés engagées dans les marches pour le climat, a «eu plusieurs contacts avec des représenta­nts des “gilets jaunes”, précise-t-il. Pour l’instant, ils constatent que la composante écologique n’est pas dans les priorités du mouvement, mais qu’ils aimeraient bien qu’elle y entre. »

Au-delà des possibles revendicat­ions communes, c’est de tactique pour se faire entendre dont il est question. En trois semaines de mobilisati­on, en optant pour une confrontat­ion directe avec les forces de l’ordre, les «gilets jaunes » ont tout de même réussi à obtenir quelques concession­s du gouverneme­nt. Il est hors de question de basculer dans la violence, avertissen­t les organisate­urs des marches pour le climat. «Mais il est aussi impensable que nous restions sagement à la maison samedi», lance Cyril Dion.

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Des participan­ts à la marche pour le climat du 13 octobre à Paris.

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