20 Minutes (Nantes)

Questions pour un débat

La concertati­on commence dans une semaine, mais sa tenue et ses éventuelle­s concrétisa­tions restent indéchiffr­ables

- Laure Cometti

A une semaine du coup d’envoi du « grand débat national », la concertati­on voulue par le président de la République suscite de nombreuses interrogat­ions, aussi bien sur la forme que sur le fond.

Alors que le grand débat national annoncé par Emmanuel Macron est censé démarrer le 15 janvier, le flou demeure autour de cette concertati­on pensée comme une réponse aux diverses questions nées de la crise des « gilets jaunes ». Le séminaire gouverneme­ntal, ce mercredi, clarifiera-t-il l’opération ?

Pour cadrer cette dernière, le gouverneme­nt a consulté la Commission nationale du débat public (CNDP), une autorité indépendan­te présidée par Chantal Jouanno (lire l’encadré). Dotée d’une enveloppe de 4 millions d’euros, la CNDP a élaboré un site Internet et un « kit » afin que tous les citoyens, élus ou non, puissent organiser un débat dans des lieux publics ou privés, des mairies ou chez eux, et même en extérieur, puisqu’il y aura des stands mobiles. Une diversité de formats et de lieux qui pose la question de la sécurité de ces espaces de débat. Interrogé à ce sujet par 20 Minutes, le ministère de l’Intérieur n’avait pas répondu mardi soir. Par ailleurs, une plateforme en ligne recueiller­a les contributi­ons à l’échelle nationale et des « conférence­s de citoyens tirés au sort» seront mises en place dans chaque région. La CNDP aura la charge de rassembler les conclusion­s de tous les débats et d’en faire une synthèse.

Marge de manoeuvre étroite

En ce qui concerne les thèmes du débat, le gouverneme­nt a fini par en retenir quatre : transition écologique; fiscalité ; organisati­on de l’Etat ; démocratie et citoyennet­é. Sera-t-il possible de discuter d’autres sujets ? Alors que Chantal Jouanno assurait que «chacun est libre d’organiser un débat sur le sujet qu’il souhaite » et qu’« il n’y aura aucun filtrage par la commission dans les comptes rendus», Matignon estime qu’il «faut un cadre, tout n’est pas à discuter ». En clair, les Français pourront débattre de tout, mais l’exécutif ne gardera que ce qui l’intéresse. Reste à savoir si cette concertati­on débouchera sur des mesures concrètes. L’exécutif l’a annoncé, tout en définissan­t très tôt des limites. Par exemple, l’impôt sur la fortune fait partie des totems fixés par l’Elysée et Matignon. «C’est une mesure qui faisait partie du programme présidenti­el, sur laquelle nous avons fait campagne et qui a été votée », justifie l’entourage du Premier ministre. Toutefois, la marge de manoeuvre de l’exécutif est étroite, car il a déjà annoncé, le 10 décembre, une série de mesures en faveur du pouvoir d’achat, qui se chiffrent à 10 milliards d’euros.

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Edouard Philippe et Emmanuel Macron, en novembre 2018.
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Le gouverneme­nt a d’ores et déjà fixé des limites au grand débat national.

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