Le derby NantesRennes et son lot de complexes
Les Canaris, qui accueillent Rennes dimanche, n’ont plus gagné contre leur voisin depuis quatorze ans
Et dire, qu’à une époque, les supporters rennais chantaient à tuetête dans les bars, en parodiant feu Charles Aznavour : « Emmenez-moi loin de la Beaujoire… » Les temps changent. Les Rouge et Noir, qui seront à Nantes dimanche (15 h), n’ont plus perdu sur la pelouse du FCN depuis quatorze ans. Et, il y a treize ans, le 4 janvier 2006, les Rennais ont brisé une longue série de quarante et un ans sans succès sur les terres nantaises !
«C’était énorme, on avait fêté ça au pub Gall à Rennes avec Gourcuff et Didot, se souvient Jacky Sourget, exspeaker du SRFC. Ça ressemblait à un titre. On repartait toujours de là-bas en pleurs, et, là, on était sur une autre planète ! » Côté nantais, « on avait un peu les boules après le match », affirme Yannick Bigaud, ancien speaker à Saupin et à la Beaujoire.
Quatorze ans que ça dure, donc. « Ça trotte dans ma tête, reconnaît Abdoulaye Touré. Moi, ça me pèse en tant que Nantais. » Le milieu de terrain du FCN refuse néanmoins de parler « de
« J’ai vraiment senti ce complexe d’infériorité quand on allait à Nantes. » Olivier Monterrubio
complexe d’infériorité ». En revanche, Rennes a été animé par ce sentiment pendant un peu plus de quarante ans. Ainsi, Olivier Monterrubio n’a jamais gagné à la Beaujoire sous le maillot de Rennes : « J’ai vraiment senti ce complexe d’infériorité quand on allait à Nantes, raconte l’ancien ailier. Les supporters attendaient tellement cette rencontre, les médias ressassaient cette série noire… On arrivait là-bas en étant fébrile. C’était l’un des seuls stades où on était comme ça.» A l’inverse, quand Monterrubio était vêtu du maillot jaune et vert, « c’était comme une évidence qu’on allait battre Rennes ».
Alors, aujourd’hui, cette sensation s’est-elle renversée ? « Ma crainte, c’est justement qu’on se dise ça, prévient Matthieu Lecharpentier, fan rennais s’occupant du site Rouge mémoire. Il ne faut pas arriver avec un complexe de supériorité, ne pas y aller avec ce sentiment que rien ne peut nous arriver… » En étant indomptable à la Beaujoire depuis autant d’années, le Stade Rennais a presque réussi à banaliser sa belle série, et même ce derby. « On pense surtout à notre double confrontation en Coupe d’Europe contre le Betis », avoue le fan des Rouge et Noir. A Nantes, en revanche, on est focus sur le derby depuis plusieurs jours. « Il n’y a pas d’excuses, insiste Valentin Rongier. Tout le monde sait que ce match est encore plus important que les autres.» Exactement ce que les Rennais ont ressassé pendant longtemps.