La biodiversité et le climat doivent faire cause commune
La protection de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement n’ont pas à être mises en concurrence
Climat et biodiversité, même combat. A Madrid, en ouverture de la COP25, la semaine passée, le Premier ministre français, Edouard Philippe, a rappelé dans son discours que les deux thématiques étaient intimement liées. « Mettre sur un même pied d’égalité climat et biodiversité est encore assez nouveau dans les déclarations politiques », souligne Sébastien Treyer, directeur du think tank Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales).
La science claire sur le sujet
Jusqu’à présent, le premier enjeu (réduire nos émissions de gaz à effet de serre, GES) faisait souvent de l’ombre au deuxième (stopper l’érosion du vivant sur Terre). Pourtant, la science est claire sur ce sujet : on ne parviendra pas à la neutralité carbone sans maintenir la natureen bonne santé. Bonne nouvelle, des solutions dites fondées sur la nature existent. Comme celle qui consiste à donner une plus grande place à la végétation en ville pour combattre les îlots de chaleur urbains. Un autre exemple ? « Pour contrer l’élévation du niveau de la mer et ses conséquences, des Etats insulaires et côtiers entreprennent la construction de digues en béton, dont rien ne dit qu’elles seront efficaces, illustre Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche et la biodiversité (FRB). Une solution fondée sur la nature consisterait bien plus à préserver et renforcer les récifs coralliens et les mangroves dont ces pays sont souvent dotés. » La promesse est de faire d’une pierre trois coups, poursuit le président de la FRB : « Non seulement ces écosystèmes stockent du carbone, mais ils font aussi office de nurseries pour de nombreuses espèces de poisson et sont des barrières naturelles contre beaucoup d’aléas climatiques. » Jean-François Silvain invite à aller plus loin encore : « Il ne s’agit pas seulement de se demander ce que la nature peut apporter à la lutte contre le changement climatique, il faut aussi s’interroger sur les impacts que peuvent avoir des solutions de réduction de GES sur la biodiversité.» En novembre 2017, la FRB alertait ainsi au sujet des conséquences sur la biodiversité d’un déploiement mal maîtrisé des énergies renouvelables. Un exemple parlant est celui des éoliennes contre lesquelles peuvent buter les oiseaux et les chauves-souris. «De la même façon, développer fortement les cultures énergétiques [agrocarburants, production de chaleur] peut avoir des conséquences majeures sur la biodiversité en accaparant des zones naturelles pour les convertir en terres agricoles », reprend Jean-François Silvain. La COP25 semble être une occasion pour aller plus loin encore dans l’association des deux enjeux, climat et biodiversité. « Plus que dans les discours, mais aussi dans l’action », espère Sébastien Treyer.