Des fausses notes dans la sélection des candidats
Peu transparent, élitiste… Le classement de la plateforme n’échappe pas aux critiques
Un pas de fait vers l’enseignement supérieur. Les élèves de terminales et les étudiants en réorientation avaient jusqu’à ce jeudi pour faire leurs voeux d’inscription sur la plateforme Parcoursup. S’ils postulent à une formation qui n’est pas en tension, ils ont toutes leurs chances. Mais pour les formations prisées, les universités procèdent à un tri des dossiers de candidature, qui ne fait pas l’unanimité. Ainsi, «certaines universités ont mis en place des algorithmes locaux pour faire le tri, observe Orlane François, la présidente de la Fage, le premier syndicat étudiant. Dans d’autres, ce sont dix personnes autour d’une table qui le font. Ce système est peu transparent. » De plus, les critères et les notes ne sont pas regardées de la même manière. Par exemple, pour une inscription en licence de droit, l’université Paris-13 tient compte du classement du lycéen dans sa classe, des notes aux épreuves anticipées du bac de français et celles en histoire-géo, maths et LV1 en 1re et en terminale. Pour la même formation à Paris-2, les notes de français, de philosophie, d’histoire-géo, d’anglais et de maths de 1re et de terminale sont prises en compte ainsi que des épreuves anticipées du bac. Mais aucune mention de classement dans sa classe n’est faite. «Ce système discrimine les lycéens qui n’ont pas eu d’excellents résultats, alors qu’ils peuvent très bien se révéler à l’université», fustige Orlane François. « La motivation des candidats ou leurs engagements sont aussi pris en compte», nuance Jérôme Teillard, chargé de mission Parcoursup. Dans un récent rapport, la Cour des comptes critiquait le « défaut de transparence » de la procédure d’affectation, la forte sélectivité des universités de l’académie de Paris et critiquait le fait que le lycée d’origine de l’élève soit pris en compte. « Des établissements du secondaire se trouvent priorisés dans le classement par rapport à d’autres, sur la base de critères plus ou moins aléatoires, tels celui lié à sa réputation, ou celui, plus objectif, du pourcentage de réussite au baccalauréat», décrivait la Cour. «Les universités souhaitent que le nom du lycée soit visible, car ils veulent pouvoir identifier les lycées qui ont bénéficié des “Cordées de la réussite” – un dispositif favorisant l’accès au supérieur des jeunes issus de lycées d’éducation prioritaire, via un tutorat. Par ailleurs, on sait que certains lycées notent plus sévèrement que d’autres, ce qui permet de nuancer certains résultats», indique Jérôme Teillard. De son côté, la Cour des comptes recommande « d’anonymiser le lycée d’origine et lui substituer une mesure de l’écart entre les résultats au bac et du contrôle continu ».
« Les établissements ne souhaitent pas que le nom du lycée soit invisible. » Jérôme Teillard, chargé de mission Parcoursup