Thibaut Pinot, c’est son Tour
Le coureur de la Groupama-FDJ espère remporter la Grande Boucle
Un an qu’il attend ça. Après avoir craint de devoir faire une croix sur son objectif de la saison, à cause de la crise sanitaire, Thibaut Pinot repart à l’assaut du Tour de France, dont le grand départ sera donné samedi à Nice. Tout le monde se souvient de ce funeste 26 juillet 2019 quand, à deux jours de la fin de la course, et alors qu’il avait «la gagne dans les jambes », comme il le dit, le coureur de la Groupama-FDJ avait dû abandonner. Ses larmes ont coulé, on a peiné à retenir les nôtres. Mais, à l’écouter à l’approche de cette édition, le drame de la montée d’Aussois nous a plus traumatisés que lui. « Je l’ai digéré assez facilement, a-t-il assuré. Je me suis dit que ça ne servait à rien de pleurer là-dessus. Je n’avais qu’une envie, repartir sur une nouvelle saison. » Ce qu’il a fait, gérant comme il a pu la pause imposée par le confinement. Deuxième du Dauphiné, le FrancComtois fait partie des favoris de ce Tour taillé pour ses mollets. Et ce statut ne le fait plus baliser : «J’avais peur de la pression que je me mettais.
Des échecs sur le Tour, d’ici à la fin de ma carrière, j’en connaîtrai encore et je suis prêt à faire face. » Reconnaître ainsi ses faiblesses, les exprimer à voix haute, sans chercher à en rajouter des caisses, voilà une démarche qui transpire la maturité. « Thibaut a toujours été sincère dans ses prises de parole, développe Denis Troch, préparateur mental, qui a travaillé avec l’équipe française entre 2011 et 2018. Le plus important, c’est la résonance du discours, vis-à-vis de lui-même, de son équipe et de l’extérieur. » Pinot semble avoir atteint une forme de plénitude. A 30 ans, il se sent désormais «leadeur 100 % ». Jusqu’à l’année dernière, ce n’était pas le cas. « Il s’est construit à travers ses expériences, les bonnes et les moins bonnes, note Julien, son frère et coach au sein de la Groupama-FDJ. On le voit évoluer, grandir, s’affirmer de plus en plus. » Thibaut Pinot s’est tricoté son costume tout seul. Il n’a pas eu l’opportunité d’être guidé par un mentor dans ses jeunes années. La manière de parler à ses équipiers, d’exiger des choses d’un regard, d’être mis à l’abri dans le peloton… Autant de détails qui n’en sont plus quand on est celui qui doit viser la victoire sur un grand Tour. « C’est un leadeur qui fonctionne à la confiance, précise son frère. Il a à besoin de sentir que les personnes autour ont confiance en lui, et que lui-même leur apporte ce sentiment qu’ils sont tous en phase.» Pinot est un homme d’instinct. Son frère reprend : « S’il sent qu’on lui impose des choses qu’il n’a pas décidées ou qui ne lui correspondent pas, ça ne passe pas. Aujourd’hui, le groupe qui l’entoure connaît son fonctionnement. » Il faut croire que ça marche. Au moment
« C’est un vrai winner, il a envie de gagner, il ne se cache pas. »
Steve Chainel, ancien coureur
de prolonger son contrat de quatre saisons, en juillet, Rudy Molard a assuré qu’il ne se voyait «pas courir dans une autre équipe que celle de Thibaut ». David Gaudu, 23 ans, est lui conscient de « la chance » qu’il a d’apprendre aux côtés du Franc-Comtois. « On espère que tout ce qui arrive à Thibaut servira à David et à Valentin [Madouas, 24 ans], affirme Julien Pinot. Ça va leur permettre de gagner du temps dans leur carrière. » Le patron a ses hommes derrière lui, même quand ça déraille un peu, comme lors de la dernière étape du Dauphiné, le 16 août. Attaqué de toutes parts, le leadeur du général avait fini par craquer à 25 km de l’arrivée. Frustré, agacé, il s’était défoulé sur un bidon.
« Pour moi, c’est positif, ça prouve qu’il est un vrai winner, qu’il a envie de gagner, qu’il ne se cache pas », rétorque l’ancien coureur pro Steve Chainel. « Cette étape avait été complètement dingue, harassante, défend son frère. Du coup, quand tu sens que tu lâches, c’est dur. Thibaut avait juste besoin d’extérioriser. Jeter son bidon lui a permis d’évacuer et de se remettre dedans. » Ses coéquipiers ont, eux, déjà oublié, et tout le monde est désormais tourné vers les trois semaines qui arrivent.
Au lendemain de leur boycott pour protester contre les violences policières, les joueurs de NBA ont décidé de continuer les play-off, même si les trois rencontres de jeudi ont aussi été reportées. Selon ESPN et The Athletic, les joueurs ont pris cette décision au terme d’une nouvelle réunion jeudi matin, après une première qui s’est tenue jusque tard dans la nuit. Au terme de cette première réunion, les Lakers et les Clippers, favoris pour le titre, avaient voté pour l’arrêt de la saison.