Garder son maillot jaune, le défi de Julian Alaphilippe
Le coureur français, vainqueur à Nice dimanche, est leadeur du Tour. De quoi rêver à un destin similaire à celui de l’été 2019 ?
Julian Alaphilippe n’avait pas assez transpiré. En tout cas, le corps du coureur français avait encore quelques millilitres d’eau à perdre. Il s’est effondré en larmes après sa victoire lors de la deuxième étape du Tour de France, dimanche à Nice. Un membre de son équipe était là pour lui enlever son casque, ses lunettes, lui tendre un masque et lui glisser une parole réconfortante.
Mais le puncheur a mis plusieurs minutes avant de reprendre ses esprits. En passant la ligne, il avait tendu un doigt vers le ciel, avant de donner des coups de poing rageurs dans son guidon. Un hommage à son père, Jo, décédé en juin. « C’est une année particulière, a confié Alaphilippe, la gorge nouée par l’émotion. Je n’ai pas gagné une course depuis le début de saison, j’ai travaillé dur malgré des moments difficiles. Je veux dédier cette victoire à mon papa. »
C’est la cinquième fois que Julian Alaphilippe lève les bras sur le Tour de France. Surtout, il portera ce lundi le maillot jaune qui lui allait si bien il y a un an. Il l’avait conservé pendant quatorze jours. Est-il capable de rééditer cet exploit ? « Le maillot jaune sera du bonus chaque jour, a-t-il répondu, prudent. On va continuer à aller à la chasse aux étapes. On n’est pas venus ici pour gagner le Tour. »
Bob Jungels, qui a préparé le terrain pour Julian Alaphilippe avec une accélération magistrale, a rappelé que les Deceuninck-Quick Step avaient les moyens de défendre la casaque jaune : « On a une équipe très forte, tout le monde est en forme, on l’a vu sur cette étape. » Le parcours de cette édition atypique propose la première arrivée en altitude dès mardi. « Je pense qu’il est capable de garder le maillot ce jour-là, c’est un col pour lui», assure l’ancien cycliste Danny Nelissen. Pour lui, Alaphilippe peut même conserver la tunique de leadeur jusqu’à l’arrivée du peloton dans les Pyrénées, le weekend prochain. «Ça arrange aussi [les équipes] JumboVisma et Ineos, qui n’ont pas à se fatiguer en roulant en tête du peloton, expose l’ancien champion du monde amateur. Son équipe est solide et Julian a l’air d’être dans une forme ascendante, on l’a vu sur Milan-Sanremo [où il a terminé à la deuxième place].» Le Français devra se méfier de Primoz Roglic, qui, comme tous les favoris, n’a que dix-sept secondes de retard. Le Slovène, ancien sauteur à skis, a montré sur le Dauphiné qu’il était très fort au petit jeu des bonifications. Mais Julian Alaphilippe sait lui aussi sauter sur les opportunités.
« On a une équipe très forte, tout le monde est en forme. » Bob Jungels, coéquipier de Julian Alaphilippe