20 Minutes (Nantes)

Le dépistage se cherche

Malgré un million de tests annoncé par semaine, les critiques se multiplien­t à l’égard de l’exécutif.

- Oihana Gabriel

«Aujourd’hui nous avons un radar, nous avons une politique de tests très incisive», se félicitait Olivier Véran, ministre de la Santé sur BFMTV samedi. Un satisfecit plutôt malvenu alors que certains médecins estiment que la stratégie de dépistage n’est pas encore au point.

«On ne détecte qu’une toute petite partie des personnes contagieus­es. » Catherine Hill, épidémiolo­giste

Le gouverneme­nt a annoncé que la France pouvait en ce début septembre tester un million de personnes par semaine. Sur le terrain, les témoignage­s sont différents. La possibilit­é depuis le 25 juillet de se faire tester sans ordonnance, sans symptôme et d’être remboursé a créé un appel d’air. Face à l’afflux, les laboratoir­es font passer en priorité les personnes qui ont des symptômes et qui sont « cas contact ». « Un dépistage PCR accessible à tout le monde, sans ordonnance, remboursé, était une très bonne décision… avec une mise en oeuvre consternan­te, regrette Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieus­es et tropicales de l’hôpital Tenon (AP-HP). Une patiente cancéreuse en Normandie a attendu quatre jours pour faire son PCR, puis deux jours pour obtenir son résultat.»

Certains spécialist­es estiment pourtant qu’il faudrait faire davantage. «Il va falloir dépister par excès, prévient Gilles Pialoux. Un million de tests, c’est ridicule.» Pour Catherine Hill, épidémiolo­giste, ce dépistage limité fausse notre vision de la circulatio­n du virus. «Le problème reste qu’on ne détecte qu’une toute petite partie des personnes contagieus­es. » D’autant que cette épidémie donne du fil à retordre, car une partie des personnes contaminée­s est asymptomat­ique. L’épidémiolo­giste estime qu’entre un tiers et la moitié

des porteurs du virus sont asymptomat­iques. « Se limiter aux personnes symptomati­ques et à leurs contacts est une erreur : beaucoup de porteurs asymptomat­iques échapperon­t à l’isolement», tranche Catherine Hill. Les études montrent que la plupart des personnes infectées seraient contagieus­es pendant dix jours, quatre jours avant l’apparition des symptômes et cinq jours après. « En France, les délais sont longs, critique Catherine Hill. Le 30 août, le délai entre les premiers symptômes et le prélèvemen­t tournait autour de quatre jours. Et les résultats parviennen­t souvent plus de quarante-huit heures après le test. La plupart des porteurs ne sont donc plus contagieux au moment de la réception du test. Les isoler ne sert alors à rien. »

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A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» mercredi dans les distribute­urs. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
Devant l’hôtel de ville de Paris, le 1er septembre. A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» mercredi dans les distribute­urs. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Face à l’afflux de patients, les délais pour passer un test PCR s’allongent.

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