20 Minutes (Nantes)

S’imposer sans attaquer, le hic du leadeur Roglic

Cyclisme Le Slovène est le nouveau leadeur du Tour, sans être passé à l’offensive

- De notre envoyé spécial à Laruns, Nicolas Stival

Laruns est une enclave slovène dans le Béarn. Deux ans après la victoire de Primoz Roglic lors de la première arrivée du Tour de France dans la paisible cité de 1 200 habitants, c’est son compatriot­e Tadej Pogacar qui s’y est imposé dimanche. Roglic n’était pas bien loin : environ à une demi-roue du prodige de 21 ans. Suffisant pour endosser le maillot jaune. Après neuf jours de course, le taulier de la Team JumboVisma a endossé pour la première fois de sa carrière la tunique du leadeur du Tour. Et a encore montré qu’il semblait être le plus aérien de la course, mais uniquement pour se défendre des attaques de Pogacar et Bernal.

« Samedi, il y avait moyen pour Roglic de prendre plus de temps sur Bernal. » Steve Chainel, ancien coureur

«Tout coureur qui commence le vélo rêve de porter ce maillot au moins une fois dans sa vie», a répondu l’ancien sauteur à ski à un confrère un peu taquin qui lui faisait observer qu’il n’avait pas semblé si pressé que ça de le récupérer. « Je pense que la prise de maillot était programmée ce soir [dimanche], estime Steve Chainel, consultant pour Eurosport. Là, il y a la journée de repos, deux étapes pour les sprinteurs et la bagarre va reprendre ensuite, avec des arrivées en altitude. » Mais pourquoi n’avoir pas attaqué avant ? « Quand on a le maillot jaune, on est l’homme à abattre, reprend Chainel. Même si, depuis le début de la course, Roglic court en patron avec son équipe, comme s’il avait le maillot.»

Le Slovène a d’ailleurs vanté le boulot de ses coéquipier­s, encore omniprésen­ts, notamment dans la terrible ascension du col de Marie-Blanque. Mais ce boulot colossal a abouti à une mince avance au général sur Egan Bernal, vainqueur du Tour en 2019, pourtant pas irrésistib­le en cette première semaine de course. «Il y a une petite faute tactique, juge Steve Chainel. Bernal a tiré la langue pendant huit étapes et il ne pointe qu’à 21 secondes. Samedi, par exemple, il y avait moyen pour Roglic de prendre beaucoup plus de temps sur lui.»

Or, l’an dernier, le Colombien était progressiv­ement monté en régime pour survoler les Alpes et la fin de course, puis terminer en jaune à Paris. « C’est toujours un combat pour chaque seconde, évacue Roglic. Beaucoup de choses vont arriver à chacun de nous d’ici l’arrivée à Paris. » Steve Chainel croit aussi beaucoup en la progressio­n de Bernal : « Pour moi, le Slovène est déjà à 100 %, alors que le Colombien va élever son niveau de performanc­es. » Si jamais Roglic n’est pas en jaune sur les Champs, on aura du mal à ne pas repenser à ces étapes pyrénéenne­s où il semblait si souverain mais a refusé d’attaquer. Un Tour, quand on peut le tuer, on le tue.

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Roglic (à g.) a contrôlé son compatriot­e Pogacar, mais n’a jamais attaqué.

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