«Evoluer avec un frère schizophrène, c’est magnifique»
Le rappeur Gringe dévoile la maladie de son frère, la schizophrénie, dans un premier ouvrage, « Ensemble, on aboie en silence »
Gringe explore un nouveau territoire. Connu pour son binôme des Casseurs Flowters avec Orelsan, ou son rôle dans la série Bloqués sur Canal+, c’est dans le domaine de la littérature que le rappeur entame la rentrée. Mercredi, Guillaume Tranchant, de son vrai nom, a présenté Ensemble, on aboie en silence (Harper Collins et Wagram Livres), un premier livre qui lève le voile sur la maladie de son petit frère Thibault, diagnostiqué schizophrène à 21 ans. Il raconte son aventure à 20 Minutes sous forme de chapitres.
› Chapitre 1 : se jeter dans l’écriture. « Je me suis rendu compte qu’écrire un bouquin c’était vraiment un espace d’expression illimité. Et d’un coup, ça m’a sorti la tête du rap. Il y aura une suite, mais je ne sais pas quelle forme elle aura. »
› Chapitre 2 : trouver un titre. « L’un de mes éditeurs chez Wagram Livres trouvait que ce titre, présent dans le chapitre sur le chien de mon frère, résumait pas mal notre relation à Thibault et moi, mais aussi cette pathologie que les schizophrènes subissent de manière hyper intériorisée. Cette phrase, “ensemble, on aboie en silence”, c’est à la fois beau et criant de vérité. » › Chapitre 3 : ouvrir les yeux sur la schizophrénie. « Ça me semblait nécessaire d’aborder la pathologie, mais à certains endroits seulement. C’était indispensable que mon frère soit d’accord aussi, et que je lui fasse prendre conscience que, à travers ses
témoignages et son implication, il pourrait y avoir un impact sur les gens concernés. Il l’a tout de suite intégré. » › Chapitre 4 : se débattre avec la
culpabilité. «Ce sentiment de culpabilité, c’est ce truc qu’on se dit à un moment donné : “A quel moment on a mal fait?” J’étais dans les mêmes écoles que mon frère. Comment je n’ai rien vu venir ? Ensuite, il y a aussi la culpabilité qui se manifeste par la colère, le rejet… Puis je suis rattrapé par l’amour qui existe entre nous. Mais même si c’est un chemin de résilience que j’emprunte à ce moment-là, il y a toujours beaucoup de culpabilité.»
› Chapitre 5 : vider son sac. « Tous ces trucs que je balançais un peu en vrac dans Enfant lune [son premier album solo en 2018], je les condense dans un chapitre : “Le syndrome du survivant”. Il y a tout ce que j’ai pu aborder dans mes morceaux quand je parlais de mes relations dysfonctionnelles. Je fustige parfois mon rôle de grand frère, mais je dis également que c’est magnifique d’évoluer au côté d’un frère schizophrène et que je mesure pleinement ma chance d’avoir ce frangin. » › Epilogue : une lecture nécessaire.
«Je n’avais jamais été résilient avant ça, j’avais juste remonté des trucs pénibles. Avec ce bouquin, j’ai le sentiment, avec le concours de mon frangin bien sûr, de nous avoir offert une lecture sur notre histoire, qui nous permet de mieux nous comprendre et comprendre ce par quoi on est passés. C’était nécessaire. »