20 Minutes (Nantes)

En territoire­s quasi conquis

Le dispositif «zéro chômeur longue durée» pourrait être étendu

- Nicolas Raffin

Lancés en 2016, les «territoire­s zéro chômeur longue durée » pourraient se développer dans les prochaines années. L’Assemblée nationale examine depuis mercredi une propositio­n de loi visant à étendre ce dispositif au-delà des dix territoire­s sélectionn­és à l’origine.

Le but des « territoire­s zéro chômeur » est double : redonner un emploi à des personnes qui en sont privées depuis longtemps, et faire économiser de l’argent à l’Etat. En concertati­on avec les acteurs locaux, des entreprise­s à but d’emploi (EBE) ont été créées dans les zones sélectionn­ées pour embaucher les chômeurs. Elles doivent avoir une activité qui ne concurrenc­e pas celle d’autres entreprise­s, pour éviter de récréer du chômage. A Thiers (Puy-de-Dôme), Actypoles s’occupe, par exemple, de l’entretien des espaces verts. Lorsqu’un ancien chômeur longue durée est embauché dans une EBE, l’Etat verse 18000 € par an à l’entreprise pour subvention­ner son CDI. L’idée, à terme, étant que le chiffre d’affaires de l’entreprise grandisse suffisamme­nt pour que l’Etat n’ait plus besoin de l’aider.

Une vie changée

Plus de quatre ans après le démarrage de l’expériment­ation, le bilan est plutôt positif. D’après le décompte opéré par les députés dans la propositio­n de loi (LREM) examinée mercredi, 1112 personnes «sont sorties de la privation d’emploi, soit directemen­t, par l’embauche en EBE (770), soit de manière indirecte, par la méthode de mobilisati­on inhérente au projet, avant même d’entrer en EBE». «Ces salariés sont en moyenne privés d’emploi depuis 53,9 mois et ont un âge moyen de 44 ans», précise le texte. « On voit bien combien l’emploi change la vie des personnes qui étaient engoncées dans le chômage depuis trop longtemps, affirme MarieAleth Grard, vice-présidente d’ATD Quart Monde, l’associatio­n à l’origine du projet. Elles étaient en grande précarité et reprennent pied dans la société, recréent des liens.»

Pourtant, l’économiste Pierre Cahuc a critiqué le coût de l’opération dans Les Echos, estimant que toutes les dépenses ne sont pas prises en compte, notamment celles d’investisse­ment (comme l’achat de locaux), ce qui affecterai­t la rentabilit­é du projet. Une vision contestée par le collectif des Economiste­s atterrés, qui rappelle que «l’ensemble des exonératio­ns de cotisation­s sociales» coûte chaque année plus de 27 milliards d’euros à l’Etat, soit un montant par salarié bien plus élevé que l’opération «zéro chômeur ».

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Les entreprise­s créées peuvent concerner les espaces verts.

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