En territoires quasi conquis
Le dispositif «zéro chômeur longue durée» pourrait être étendu
Lancés en 2016, les «territoires zéro chômeur longue durée » pourraient se développer dans les prochaines années. L’Assemblée nationale examine depuis mercredi une proposition de loi visant à étendre ce dispositif au-delà des dix territoires sélectionnés à l’origine.
Le but des « territoires zéro chômeur » est double : redonner un emploi à des personnes qui en sont privées depuis longtemps, et faire économiser de l’argent à l’Etat. En concertation avec les acteurs locaux, des entreprises à but d’emploi (EBE) ont été créées dans les zones sélectionnées pour embaucher les chômeurs. Elles doivent avoir une activité qui ne concurrence pas celle d’autres entreprises, pour éviter de récréer du chômage. A Thiers (Puy-de-Dôme), Actypoles s’occupe, par exemple, de l’entretien des espaces verts. Lorsqu’un ancien chômeur longue durée est embauché dans une EBE, l’Etat verse 18000 € par an à l’entreprise pour subventionner son CDI. L’idée, à terme, étant que le chiffre d’affaires de l’entreprise grandisse suffisamment pour que l’Etat n’ait plus besoin de l’aider.
Une vie changée
Plus de quatre ans après le démarrage de l’expérimentation, le bilan est plutôt positif. D’après le décompte opéré par les députés dans la proposition de loi (LREM) examinée mercredi, 1112 personnes «sont sorties de la privation d’emploi, soit directement, par l’embauche en EBE (770), soit de manière indirecte, par la méthode de mobilisation inhérente au projet, avant même d’entrer en EBE». «Ces salariés sont en moyenne privés d’emploi depuis 53,9 mois et ont un âge moyen de 44 ans», précise le texte. « On voit bien combien l’emploi change la vie des personnes qui étaient engoncées dans le chômage depuis trop longtemps, affirme MarieAleth Grard, vice-présidente d’ATD Quart Monde, l’association à l’origine du projet. Elles étaient en grande précarité et reprennent pied dans la société, recréent des liens.»
Pourtant, l’économiste Pierre Cahuc a critiqué le coût de l’opération dans Les Echos, estimant que toutes les dépenses ne sont pas prises en compte, notamment celles d’investissement (comme l’achat de locaux), ce qui affecterait la rentabilité du projet. Une vision contestée par le collectif des Economistes atterrés, qui rappelle que «l’ensemble des exonérations de cotisations sociales» coûte chaque année plus de 27 milliards d’euros à l’Etat, soit un montant par salarié bien plus élevé que l’opération «zéro chômeur ».