20 Minutes (Nantes)

«La capacité du rap à se réinventer me passionne»

Véritable référence dans le rap français, le journalist­e Mehdi Maïzi officie depuis quelques mois chez Apple Music

- Propos recueillis par Clio Weickert

Impossible de passer à côté de Mehdi Maïzi quand on s’intéresse au rap français. Du haut de ses 34 ans, le journalist­e, animateur et curateur a déjà un CV long comme le bras. Depuis plusieurs mois, il officie en tant que responsabl­e des contenus rap chez Apple Music France, où il anime également l’émission hebdo « Le Code radio ».

Vous êtes LE journalist­e rap en France. Vivez-vous cela comme une fierté ou est-ce une pression ?

C’est un titre qui n’existe pas vraiment, mais je vois ce que vous voulez dire. Quand j’ai commencé à faire ça, j’avais envie que ma parole puisse être entendue, et j’avais l’impression que j’avais peut-être quelque chose à amener sur ce terrain-là. Donc je suis content aujourd’hui d’avoir pu le faire, de créer des émissions, etc.

En concevant des playlists pour Apple Music, vous vous voyez comme un prescripte­ur ou un défricheur ?

J’ai l’impression que les médias, au sens large, sont moins prescripte­urs qu’avant. J’exagère un peu, mais les gens sont quasiment au courant en même temps que nous des nouveautés. « Le Code » est particulie­r, parce que c’est une playlist pour le rap francophon­e sur Apple Music. L’enjeu est de la rendre accessible tout en étant prescripte­ur.

Cette semaine, plusieurs artistes ont été accusés de violences et agressions sexuelles sur les réseaux sociaux, faisant apparaître le hashtag #BalanceTon­Rappeur. Qu’en avez-vous pensé ?

Je trouve ça tout à fait normal que ça infuse le milieu du rap, il y a de plus en plus de choses qui sortent depuis plusieurs années, dans tous les secteurs. Ce qui m’embête est juste de résumer le truc aux rappeurs. J’ai vu des gens sur Twitter qui disaient : «Mais alors, les médias rap, vous le saviez et vous n’avez rien dit ? » Mais on n’est pas au courant de ça. C’est en ça que c’était compliqué.

En quittant OKLM Radio, le bébé de Booba, vous êtes-vous émancipé ?

On ne s’émancipe jamais de Booba quand on est fan de rap français [rires] ! Il plane toujours au-dessus de nous. Ceux qui écoutaient «La Sauce» savent qu’on y jouait aussi Kaaris ou Rohff. Là où je rejoins cette question, c’est qu’il y a plein d’artistes qui n’auraient pas été sur OKLM parce qu’ils ne voulaient pas aller sur le média de Booba. Je n’ai plus cette contrainte, mais ce n’est pas pour ça que je suis parti. Je ne crois pas m’être privé de partager des coups de coeur à cause de ça.

Qu’est-ce qui vous passionne toujours autant dans le rap ?

Sa capacité à se réinventer. C’est ça qui m’a toujours fasciné avec cette musique, c’est que le rap d’aujourd’hui ne ressemble pas au rap d’il y a trente ans, dix ans, cinq ans ! C’est une musique mouvante et qui s’adapte. C’est assez excitant un genre qui n’est pas statique, et qui n’est pas mort.

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Le journalist­e, animateur et curateur Mehdi Maïzi.

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