Christian Gourcuff a-t-il vraiment la carte jeunes?
L’entraîneur du FC Nantes, précédé d’une belle réputation de formateur, fait-il vraiment confiance aux jeunes joueurs?
Il y a dix jours, Stéphane Ziani, coach des U19 du FC Nantes, avait pointé avec fracas le désintérêt de Christian Gourcuff pour les jeunes du centre de formation. Un reproche aux antipodes de ce que beaucoup d’observateurs imaginaient à l’arrivée du Breton à la Jonelière à l’été 2019. Alors, avant Monaco-Nantes, dimanche, 20 Minutes a cherché à comprendre si cette renommée s’était vérifiée par le passé.
«Tous les talents précoces qu’il avait au centre, il les a fait jouer, estime l’ex-directeur du centre de formation de Rennes. Je n’ai pas le souvenir d’un coach qui négligeait les jeunes. » Alain Le Roch, ancien président du FC Lorient, a un avis plus tranché : « Christian fait partie de ces entraîneurs qui sont fébriles vis-à-vis des jeunes, car ces derniers manquent, de fait, d’expérience. Il sait reconnaître leur talent, mais il ira très prudemment vers eux. De manière très graduelle. Il sait qu’il prend un risque en intégrant un jeune. C’est presque maladif.»
« Gourcuff a besoin de joueurs qui adhérent à son idée du foot. »
Alain Le Roch, ex-président FCL
Pourtant, la saison dernière, Gourcuff n’a pas hésité à faire d’Imran Louza, qui n’avait quasiment pas joué en pro, un maillon essentiel de son onze type. D’après Pierrick Le Bert, ex-joueur de Gourcuff et ex-coach des 18 ans du FCL, « Christian a toujours été pour valoriser les jeunes, avec son idée de jeu en tête. J’ai le souvenir d’un coach, qui était d’ailleurs à l’origine de la création du centre de formation à Lorient, qui regardait ce qu’il se passait en dessous. Il a toujours su injecter des jeunes du cru et j’en fais partie.»
«Il est meilleur sur la post-formation», tempère un grand connaisseur du foot breton. Koscielny, Gignac, Jallet, qui arrivaient tous d’expérience un ou deux échelons en dessous de la L1, illustrent cela. «Après, c’est vrai que Christian est toujours très focalisé sur son groupe, souvent très restreint, ajoute Le Bert. Mais si un jeune est très bon, il n’hésitera pas à le faire jouer.» On lui prête une appétence pour des styles de joueurs bien à lui. «Il a besoin de joueurs qui adhérent à son idée du foot, explique Alain Le Roch. Son dispositif, c’est un vrai puzzle. Si une pièce ne colle pas, son jeu est détruit. Ce n’est donc pas étonnant qu’il ne pioche pas dans la formation. » Avec souvent des éléments avec qui il faut être indulgent et à qui il faut laisser du temps.
«Sa difficulté à communiquer est un frein aussi avec les jeunes », poursuit l’ancien président de Lorient. Un proche du club lorientais parle même «d’un fonctionnement psychorigide avec les jeunes.» «Christian, c’est un bon entraîneur, conclut Le Roch. Mais c’est un formateur d’équipe, de style de jeu, mais pas de joueurs, et encore moins de jeunes.»