20 Minutes (Nantes)

Et si finalement le Tour était passé pour Pinot ?

Le leadeur de la Groupama-FDJ a annoncé, mardi, qu’il ne disputerai­t pas la Grande Boucle 2021

- Julien Laloye

Thibaut Pinot a arrêté de se mentir à lui-même, et tant pis si les autres continuent de se raconter des contes de nourrice. A commencer par son manageur, Marc Madiot, et ses emportemen­ts gaulliens sur le plateau télé de TF1. Le boss de la Groupama-FDJ et son leadeur des coeurs y présentaie­nt, mardi, la saison à venir de la meilleure équipe française du peloton.

Pas de Thibaut Pinot sur la Grande Boucle, mais une présence au Tour d’Italie. Avec toujours la foi céleste de son manageur : «Evidemment que Thibaut a le potentiel pour gagner le Giro! Quand vous avez la chance de le côtoyer au quotidien, Thibaut Pinot, c’est tout sauf ce qu’on dit sur lui. S’il y a un mec qui aime se faire mal à la gueule, c’est lui.»

Le Franc-Comtois écoute d’un air distrait, celui du type qui est passé à autre chose. Alors, il met les formes pour un temps : «Le maillot rose, c’est le plus beau à aller chercher après le maillot jaune [...] J’ai besoin de faire un grand Giro pour revenir plus fort sur le Tour de France 2022.» Il suffit pourtant de creuser un peu pour voir que le garçon est aussi franc qu’un âne qui recule.

Si Thibaut Pinot s’était un moment persuadé que le vélo lui en devait une après son abandon de 2019 à faire pleurer, le chemin de croix du Tour 2020, achevé sans le savoir sur le bitume délavé de Nice, semble l’avoir ébranlé plus profondéme­nt. « Le Tour de France, quand on est au top, c’est le rêve, explique-t-il. Mais quand c’est la galère, c’est le pire endroit où on a envie d’être. En septembre, je n’avais qu’une envie, c’était d’aller me cacher tous les soirs après l’étape. »

Le plus beau jour de sa saison ? Quand Marc Madiot a réussi à faire avaler aux sponsors son absence pour l’édition 2021, au profit d’un attelage DémareGaud­u affriolant sur le vélo, mais moins vendeur auprès du grand public. « Oui, c’était un soulagemen­t de savoir que ma décision avait été acceptée, malgré des intérêts divergents, concède le coureur. Après mes deux derniers Tours compliqués, j’avais besoin d’un nouveau programme. » On sent quand même que les critiques sur sa fragilité physique l’ennuient.

Marc Madiot peut raconter ce qu’il veut, mais cela ressemble à un adieu poli au classement général, tel qu’on l’entend chez les cadors. Y compris sur une course plus assagie comme le Giro, où on a presque le temps de regarder les oliviers sur les routes de bord de mer. «Je ne vais plus me prendre la tête, je vais essayer de laisser parler mon envie sans me mettre la pression. Ça a mieux marché sur certains grands Tours, où j’y allais un peu sans savoir, comme sur le Tour en 2014 ou sur la Vuelta en 2018», lâche Thibaut Pinot, qui se sent obligé de préciser «qu’il n’est pas du genre à se relever et perdre trente minutes». Manquerait plus que ça.

«J’ai besoin de faire un grand Giro pour revenir plus fort sur le Tour de France 2022. » Thibaut Pinot

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Comme en 2018, le Franc-Comtois préfère se focaliser sur le Giro.

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