Eric Carrière «Waldemar Kita prend rarement les bonnes décisions»
L’ex-Canari Eric Carrière, désormais consultant sur Canal+, évoque la situation du club
Sa parole est rare. Surtout sur le club qui l’a révélé au plus haut niveau. Mardi matin, l’ex-Canari Eric Carrière (1996-2001) a bousculé son emploi du temps chargé de chef d’entreprise dans le vin à Dijon pour évoquer pendant près de cinquante minutes la situation du FC Nantes, qui se déplace à Metz, dimanche (15 h).
Quel regard portez-vous sur la situation de votre ancien club ?
On entend souvent parler de projet ou d’absence de projet dans les clubs. C’est plutôt la deuxième option que je perçois à Nantes depuis pas mal d’années. Comme le projet n’est pas très identifié en termes de jeu, il n’y a pas de profil de joueurs identifié. Ce qui fait qu’il y a plus de chance de se tromper. A l’époque, Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix avaient une identité forte. Ils voulaient des joueurs qui réfléchissaient, qui avaient une vraie perception du jeu. Ils se sont trompés parfois, mais cette ligne directrice et cette philosophie leur permettaient de moins faire d’erreurs.
Le président Kita est montré du doigt…
Il fait partie des présidents qui savent. Lui, il sait. A priori, c’est quelqu’un qui a réussi dans les affaires donc, parfois, on peut se laisser griser et penser qu’on va réussir partout. Même des techniciens qui connaissent bien le foot, ils peuvent se tromper. Alors ceux qui ne sont pas issus de ce milieu, vous imaginez, c’est compliqué. Lui, il fait partie de ces présidents qui savent et qui, en plus, ont le pouvoir de prendre des joueurs.
Et il se trompe souvent ?
On va dire qu’il prend rarement les bonnes décisions. J’ai toujours le respect de ceux qui viennent dans un club et qui mettent de l’argent. Maintenant, quand on analyse les résultats depuis son arrivée… Les chiffres sur plusieurs années, ça ne ment pas. Quand tu prends autant d’entraîneurs… [Domenech est le 18e en comptant deux fois Der Zakarian et les intérims].
Certains pensent que ça ne marchera jamais avec le président Kita…
Je pense aussi que ça ne fonctionnera jamais. A l’image de son dernier choix : la venue de Domenech. Un choix logique, finalement, car Kita aime faire le buzz. Mais, Domenech ou un autre, quand on a bientôt 70 ans, c’est difficile de dire qu’on construit. Ce sont des choix pas cohérents.
« Les chiffres, sur plusieurs années, ça ne ment pas. Quand tu prends autant d’entraîneurs… »
Comprenez-vous que Waldemar Kita persiste autant ?
Je ne vois pas l’intérêt pour lui de rester. Je ne comprends pas sa logique. Il subit beaucoup de choses depuis longtemps. C’est quelqu’un qui aime bien le conflit. Il faut vraiment aimer ça. Il a pris un entraîneur qui aime ça aussi… (rires)