20 Minutes (Nantes)

Quand la pierre vaut de l’or

Entre une pénurie dans le locatif des prix qui flambent et les effets de la crise sanitaire, se loger est toujours plus compliqué

- Julie Urbach

Ceux qui cherchent à s’installer à Nantes le savent bien : trouver un logement y est particuliè­rement compliqué depuis quelques années. Mais la situation, « historique », s’est encore aggravé en 2020, à en croire le club immobilier Nantes-Atlantique (Cina). «Le marché locatif n’est plus en tension, c’est bien pire que ça, lance Isabelle Lefeuvre, vice-présidente de la commission habitat. On a atteint des chiffres parisiens : un bien à louer ne reste pas vide plus de quinze jours et, en moyenne, on a plus de cinq dossiers déposés. Et pour les T2 et les T3, qui représente­nt le plus gros de la demande, c’est évidemment bien plus ! » Avec une demande toujours plus forte et des prix qui ne cessent de croître, les indicateur­s du marché immobilier nantais donnent le tournis. Pour une location meublée, il faut par exemple compter un loyer de 713 € en moyenne, soit une augmentati­on de 15 % en un an. Cette hausse vertigineu­se est aussi constatée par les acheteurs. « La majorité des quartiers affiche des hausses supérieure­s à 10%», constate Frédérick Duvert, président de la chambre des notaires de Loire-Atlantique.

Un marché déséquilib­ré

A tel que point que, pour les appartemen­ts anciens, la cité des ducs se place désormais à la quatrième position des villes de province les plus chères, derrière Lyon, Bordeaux et Nice. Il faut dire que, en douze mois, leur prix a augmenté de 13,4 % et de presque 50 % depuis 2010. De plus en plus convoitées, les maisons se vendent à prix d’or, avec une valeur médiane désormais supérieure à 450 000 €. D’après les notaires, l’une des raisons de cet emballemen­t est le « déséquilib­re entre l’offre et la demande ». « Cela fait trois ans qu’on alerte sur le besoin urgent de construire, regrette Christine Serra, présidente du Cina. La crise sanitaire a accéléré cette pénurie, à tel point que 2020 a été une année blanche pour la métropole en matière de constructi­on. Il est urgent d’agir quand on sait que 70% de la demande locative est satisfaite par les immeubles neufs. » « Avec les élections, le plan local d’urbanisme et le Covid-19, les délivrance­s de permis de construire ont été fortement ralenties, continue Christine Serra. Elle demande aux pouvoirs publics des «mesures exceptionn­elles», face à ces délais très longs. « Avec les concours d’architecte­s et toutes les procédures, rappelle-t-elle, il faut parfois six ans entre le choix d’un terrain et la livraison!»

Selon le Cina, ce retard s’observe également pour les locaux du tertiaire, avec une baisse des transactio­ns de 30% cette année dans la métropole. « Il y a un besoin fort de bureaux dans le centre-ville de Nantes, qui ne devrait pas être tant freiné que ça par le développem­ent du télétravai­l, estime le Cina. Les entreprise­s ne prendront pas moins de m2, elles les utiliseron­t différemme­nt. »

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En un an, le prix des appartemen­ts anciens a augmenté de 13,4%.

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