Une galerie d’art met des artistes inconnus en haut de l’affiche
Léopold Cottineau souhaite exposer des oeuvres qui n’ont pas connu de succès
A 24 ans et en pleine crise sanitaire, Léopold Cottineau ne semble pas stressé d’inaugurer, ce jeudi près du cours Cambronne à Nantes, sa propre galerie d’art (autorisée à ouvrir contrairement aux musées). Il faut dire que le jeune homme croit fort en son concept, « qui n’existe nulle part ailleurs » : à la Galerie des oubliés*, pas de grande signature, mais uniquement des oeuvres d’inconnus du siècle dernier, qui n’ont pas récolté le succès qu’ils auraient mérité. « Certains artistes, timides ou introvertis, n’ont pas su diffuser leur talent en raison de leur personnalité, observe Léopold Cottineau. Il y a aussi les effets de mode, qui peuvent parfois empêcher cette rencontre avec le public.» Séduisante, bien qu’à contre-courant, l’idée a germé chez ce petit-fils de collectionneurs à force de visites d’ateliers avec sa mère, peintre. « C’est toujours très émouvant, car il y a des trésors, des tableaux qui ne bougent pas pendant des dizaines d’années, puis qui sont dispersés lors de la succession. J’avais envie de montrer ces artistes-là, ces gens qui ont parfois peint dans l’ombre toute leur vie, sans jamais être influencés. C’est en cette liberté qu’ils sont intéressants. » Sur les murs de la galerie, une vingtaine de toiles de Menachem Gueffen sont à observer, voire à acheter. Un musée américain avait commandé plusieurs tableaux au peintre, mais ceux-ci ont vite rejoint les réserves et ne les ont plus jamais quittées. Quant aux portraits de femmes colorés visibles jusqu’à fin mars, ils ont été exposés à Londres dans les années 1960 avant de reposer, depuis, dans une cave. Jusqu’à ce que la veuve de l’artiste accepte de les confier à la galerie nantaise. A terme, l’objectif de la Galerie des oubliés est d’attirer l’intérêt des musées dans l’espoir d’être, un jour, à l’origine de véritables révélations. En attendant, elle assume le risque que l’initiative reste confidentielle.