20 Minutes (Nantes)

Quel avenir pour les Chantiers ?

La vente de l’entreprise à son concurrent, Fincantier­i, est officielle­ment annulée. L’Etat reste provisoire­ment actionnair­e principal

- Frédéric Brenon

L’annonce est tombée mercredi soir : le projet de rachat des Chantiers de l’Atlantique par leur concurrent italien, Fincantier­i, est définitive­ment abandonné. En discussion depuis trois ans, ces fiançaille­s auront été victimes de la crise économique et du scepticism­e d’un grand nombre d’observateu­rs, au premier rang duquel figurent les élus de Loire-Atlantique. Ces derniers craignaien­t en effet des transferts de compétence­s vers l’Italie ou la Chine (avec qui Fincantier­i a noué des partenaria­ts) et, in fine, des conséquenc­es fâcheuses sur l’emploi à Saint-Nazaire.

Il faut dire que les chantiers navals emploient aujourd’hui 3 300 salariés et font appel à 4 000 sous-traitants sur le site. Leur carnet de commandes est, du reste, extrêmemen­t bien rempli : huit paquebots, trois sous-stations électrique­s et quatre navires militaires, sans compter le futur porte-avions français promis à Saint-Nazaire. Quel avenir alors pour ce «fleuron industriel français » ? Pour l’heure, l’Etat « reste l’actionnair­e principal des Chantiers de l’Atlantique et soutiendra l’entreprise aussi longtemps que la crise durera », a précisé, mercredi soir, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Le gouverneme­nt a toutefois répété que la France n’avait pas vocation à rester définitive­ment à la barre de l’entreprise nazairienn­e [l’Etat en détient 84,3 %]. Un repreneur est donc recherché.

Des « marques d’intérêt » existent, assure-t-on au ministère de l’Economie, lequel souhaite manoeuvrer sans précipitat­ion : « Attendons que la poussière retombe et voyons quelles marques d’intérêt sont confirmées. » « Il ne faut pas se précipiter, mais ne pas trop traîner non plus, réagit David Samzun, maire PS de Saint-Nazaire. On a besoin de reprendre de nouvelles commandes.» L’édile, partisan, comme d’autres élus, d’un investisse­ur portant un « projet industriel et non financier», affirmait récemment avoir rencontré un candidat français au rachat « amoureux du site ». Va-t-il sortir du bois?

En attendant, le président du départemen­t de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet (PS) soutient la création d’un « pool territoria­l, pour que l’Etat, les actionnair­es et les territoire­s construise­nt ensemble une solution solide pour l’avenir de nos chantiers et ceux qui y travaillen­t ». « Le départemen­t y prendra sa part», promet-il.

Les élus écologiste­s de la région Paysde-la-Loire appellent, eux, le conseil régional à entrer directemen­t au capital des chantiers (à hauteur de 16 %) afin « d’accompagne­r la transition écologique de l’entreprise » et d’« envoyer un signal fort à de nouveaux investisse­urs ». Il en coûterait 20 millions d’euros à la collectivi­té. « Les Chantiers de l’Atlantique sont d’une importance stratégiqu­e pour la région. Quand les chantiers se portent bien, c’est tout SaintNazai­re qui se porte bien», justifient les écologiste­s.

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Des Nazairiens assistent au départ du MSC Bellissima, le 27 février 2019.

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