Certaines encres de tatouage soupçonnées de laisser des traces indélébiles pour la santé
Un dossier de l’UFC-Que choisir dévoile ce jeudi que 15 encres de tatouage, sur 20 étudiées, contiennent des produits dangereux
Voilà qui risque de doucher vos envies de vous faire tatouer. Un dossier réalisé par l’UFC-Que choisir, qui paraît ce jeudi, se penche sur les dangers des tatouages. « A la suite des résultats de ces tests en laboratoire sur les composants des encres de tatouage, l’UFC-Que choisir tire la sonnette d’alarme (…) pour procéder au retrait et au rappel de nombreux produits. » Sur 20 encres passées au crible, 15 sont clairement à éviter, car elles contiennent soit des ingrédients cancérogènes, soit des conservateurs bannis des cosmétiques ou encore des colorants interdits.
« En tatouant, on va injecter sous la peau un produit chimique, prévient Marc Perrussel, vice-président du Syndicat national des dermatologues. Qu’il soit bleu, rouge, vert, noir, c’est fait à partir de métaux lourds, et ce produit peut être allergisant. Il peut créer un eczéma de contact. » Etant donné que l’encre est indélébile, cet inconfort peut mener à des problèmes sanitaires. « J’ai vu des gens se gratter jusqu’au sang, reprend le dermatologue. Ce qui peut aboutir à des surinfections ou à des cicatrices. »
Des restrictions à venir ?
L’Union européenne a pris à brasle-corps cette question des dangers des encres de tatouage en confiant, en 2016, à l’Agence européenne des produits chimiques une évaluation de ces produits. Qui a abouti le 14 décembre 2020 à une proposition de restrictions de certains composés. La Commission européenne devrait se prononcer sur cet avis, à la mi-mars. Nicolas Kluger, dermatologue en Finlande et à la consultation tatouage de l’hôpital Bichat (AP-HP), se montre toutefois rassurant : « A ce jour, il n’y a pas de preuve que les encres de ta- touage donnent un cancer de la peau ou d’ailleurs. Il n’y a qu’une seule lésion tumorale pour laquelle on a un lien fort : le kératoacanthome, qui apparaît très vite après un tatouage rouge. Et cela reste exceptionnel, avec une cinquantaine de cas dans le monde. » Dans son avis, l’agence européenne préconise à celles et ceux qui souhaitent se faire tatouer de se renseigner sur les composants de l’encre, mais également de garder une trace de l’encre utilisée, en cas de réaction anormale.